A l'ouest de Carcassonne dans l'Aude, nombre d'élus ruraux ont les naseaux qui fument ! Voilà des années qu'ils sont en conflit avec un éleveur allemand, Berndt Schaffrath, qui a pour principe d’élever ses bovins en quasi-liberté. Ils en appellent désormais aux services de l'Etat.
C’est la deuxième fois depuis le début de l’année qu’Agnès, une habitante d'Alairac dans l'Aude, se retrouve nez à nez avec un troupeau de bovins dans son jardin.
Comme à la fin janvier, mi-février, une demi-douzaine de vaches et de taureaux de race Casta se sont invités chez elle. Une rencontre impressionnante qu’elle a immortalisé en photos :
Les vaches et les taureaux étaient tout près de ma terrasse. La première fois c'était un matin au réveil. La seconde fois, c'était de nuit, je m'en suis rendu compte en fermant mes volets !
Au menu : capucine, blettes et épinards
Le moteur de son portail d'entrée étant cassé, ces impressionnants bovins rustiques n’ont pas eu à briser de barrière pour entrer dans le jardin. S'il n'y a pas eu de dégâts sur les clôtures, en revanche, le troupeau a ravagé la pelouse, s’est régalé dans le potager et a même dévoré quelques arbustes.
"J’ai appelé le propriétaire qui est venu les chercher dans la journée. C’est un monsieur très gentil, il s’est engagé à me réparer ma pelouse, à venir reboucher les trous avec de la terre..." explique cette mère de famille.
Des vaches errantes, source de conflits depuis des années
Ce monsieur, c'est Berndt Schaffrath, un éleveur allemand bien connu dans le Carcassonnais pour laisser paître ses animaux sur des terrains mal clôturés et qui finissent souvent en errance dans les villages audois.
Ce quinquagénaire a déjà été poursuivi en justice à plusieurs reprises pour mauvais traitement envers animaux et condamné à des amendes pour divagation d'animaux dangereux dans des communes du Minervois, de la Malepère ou du Cabardès.
Fin 2019, un jugement a été rendu pour lui retirer définitivement son troupeau et son statut d'éleveur, mais l'affaire est toujours en appel devant la cour de cassation.
Le maire d'Alairac n'en peut plus, il juge cette situation est inacceptable.
Cela fait plus de 20 ans que ça dure ! Il n’est pas capable de contrôler ses bêtes, elles causent des dégâts partout...
"Il possède près d'une centaine de bovins qui paissent sur des terrains avec ou sans l’autorisation des propriétaires. Monsieur Schaffrath n’est pas capable de contrôler ses bêtes, on les retrouve chez les particuliers, dans les cultures où elles font de gros dégâts et risquent en plus de provoquer des accidents graves sur la voie publique ! On a beau lui intimer l’obligation d’installer des clôtures fiables, rien n'y fait !" tempête Marc Adivèze, le maire de cette commune de quelque 1.300 habitants.
Les services de l'Etat appelés à la rescousse
Même si le maire d'Alairac reconnait que Berndt Schaffrath -que France 3 n'a pas pu joindre par téléphone- est un homme dénué d'agressivité et qui admet sans rechigner que ses animaux causent des dégâts lors de leur divagation, cette fois, la coupe est pleine.
Ses animaux sont livrés à eux-mêmes, se reproduisent librement et ne sont pas identifiés... Et c’est toujours sur nous que ça retombe, car selon la loi, ce genre de problème incombe à la police du maire, mais nous ne pouvons pas résoudre cette situation sans aide !
Le 24 février prochain aura lieu une réunion avec les maires des différents villages concernés, les services de l’État, la chambre d’agriculture de l'Aude et les gendarmes pour tenter de trouver une solution définitive au problème.