Face aux phénomènes de pluies extrêmes, l'Aude expérimente un nouvel outil pour prévenir, réduire et gérer les risques d'inondations. Il s'appelle FLAude. Il aidera les décideurs locaux à penser leur politique d'aménagement du territoire et à limiter l'impact du réchauffement climatique.
Comment mieux comprendre les phénomènes météorologiques extrêmes et aider les décideurs locaux à mieux penser l’aménagement du territoire ?
La réponse est un outil au nom étrange "FLAude". Le terme composé à partir du nom du département qui l'utilise (l'Aude) est une référence phonétique à "flood" qui signifie "inondations" en langue anglaise.
L'Aude : un territoire pilote
Le 15 octobre 2018, l'Aude connaît un épisode méditerrannéen d'une exceptionnelle intensité. Des pluies diluviennes provoquent alors des inondations et des crues dévastatrices. Le bilan est lourd : 15 personnes décèdent, des routes sont coupées et des cultures dévastées.
C'est à partir de cet événement que FLAude démarre avec ce département sinistré comme territoire pilote. C’est l’un des territoires français les plus touchés par les épisodes méditerranéens et particulièrement représentatif de ce à quoi il faut se préparer en matière de changement climatique.
Avec FLAude, l’idée est de prévenir, réduire et mieux gérer les risques d’inondations et de limiter l’impact du réchauffement climatique. Car les prévisions sont plutôt pessimistes.
Les précipitations extrêmes vont devenir de plus en plus fréquentes avec plus de difficultés d’écoulement vers la mer et des problèmes accrus sur le littoral. Sur le climat futur on peut tabler sur une hausse de 10% du cumul des précipitations extrêmes d’ici 2050
Un projet multidisciplinaire
FLAude c’est un projet scientifique piloté par le Centre National d'Etude Spatiale, Météo France et la Direction Départementale des Territoires et de la Mer 11. En croisant les images des satellites français et européens, les données et projections de Météo France et de nombreuses informations de terrain, cet outil permettra d’évaluer divers impacts des inondations. Il aidera les décideurs locaux, grâce à une plateforme dynamique qui s’appellera Foro, à penser leur politique d’aménagement du territoire pour réduire leur vulnérabilité.
Les applications multiples de FLAude
FLAude et sa plateforme Foro sera opérationnel en 2022. L'outil est déjà très attendu. Le syndicat mixte des milieux aquatiques et des rivières souhaite utiliser cet outil de modélisation tout comme la chambre d’agriculture et l’intercommunalité de Lézignan-Corbières.
Les images satellites et toutes les données recueillies permettent d’identifier les zones à enjeux.
Ce sont de vrais descripteurs de paysages, avec les haies, les talus et les pentes de sol qui ont tous un effet sur le ruissellement
En croisant ces informations avec les images des parcelles inondées, ce sera un outil précieux pour la chambre d’agriculture afin d’éventuellement "choisir de repositionner des cultures à des endroits stratégiques, moins vulnérables" précise Hélène de Boissezon.
Cet outil sera aussi utile pour gérer l’après-crise. En repérant les embâcles, FLAude et sa plateforme Foro vont permettre aux gestionnaires d’estimer rapidement l’ampleur des chantiers à mener pour évacuer tout ce qui gêne l’écoulement des eaux. L’outil peut aussi détecter les ripisylves plus ou moins entretenues qui nécessitent un aménagement ou un élargissement. Le syndicat mixte des milieux aquatiques et des rivières pourrait alors décider un réaménagement.
Pas de miracle mais des propositions d'aménagements
Si Foro "n’est pas un outil miracle" insiste Hélène de Boissezon, il livrera tout "un tas de scénarios possibles" et ce sera au final aux décideurs de choisir. Mais c’est une opportunité que les acteurs de terrain veulent saisir.
"FLAude" sera donc opérationnel en 2022. L’outil devrait ensuite être adapté pour l’Hérault, la Haute-Garonne et l’Ariège. Reste à savoir... s'il devra changer de nom !