Le 15 octobre 2018, des inondations dévastaient une partie du département de l’Aude : 15 morts et des centaines de millions d’euros de dégâts. Deux ans après, les sinistrés tentent de se protéger d'éventuelles inondations en sécurisant leur habitation.
La nuit du 15 au 16 octobre 2018 est gravée à tout jamais dans la tête des habitants de l’Aude. Cette nuit-là, des trombes d’eau s’abattent sur le département provoquant des inondations considérables : 15 personnes ont perdu la vie, près de 70 personnes ont été blessées, des centaines de maisons ont été dévastées, d’autres in extremis ont pu sauver leur habitation mais les dégâts y sont considérables. Au total 240 communes ont été reconnues en état de catastrophe naturelle et 220 millions euros de dégâts ont été constatés.
La lenteur de la reconstruction
Des villages entiers ont été détruits, des routes endommagées. Deux ans après, certains essayent tant bien que mal de se reconstruire. Mais à Conques-sur-Orbiel, les habitants regrettent la lenteur des travaux : "Les inondations sont encore proches, il y a eu beaucoup de dégâts, il y a eu un décès sur Conques, c’est encore près et il y a du travail à faire. Ici, il n'y a qu'une seule maison qui a été démolit sur les 18 je crois. Bon l’aménagement de la rivière a été refait, la médiathèque aussi," confie Jean-Michel Cosse, habitant du village.
Le constat est le même pour Patricia, "je ne suis pas trop satisfaite, je trouve que ça n’a pas avancé assez vite à mon goût, il y a eu des personnes relogées, il y a eu des morts, je suis tellement en colère pour certaines choses. Ils ont fait des choses mais qui n’étaient pas dans l’urgence. Je pense au bas du village, ça fait deux ans, et il y a eu que quelques travaux de fait. Pour moi c’est mal géré."
Des solutions pour protéger les maisons ?
D’autres, des particuliers, tentent de trouver des solutions pour se protéger des inondations. C’est le cas de Régine et Marcel, habitant de Canet d’Aude. Leur maison est régulièrement inondée, la dernière fois c’était en 2018. Depuis, ils ont installé un réseau électrique séparatif entre le rez-de-chaussée et l’étage qui leur permettrait d’avoir l’électricité au premier étage en cas d’inondation : "pour l’instant, nous ne l’avons pas encore expérimenté, et on espère ne pas le faire," nous dit le propriétaire.
Aujourd’hui, un expert est venu établir un diagnostic pour réduire la vulnérabilité de leur habitation face aux inondations, et d’autres travaux sont à prévoir pour sécuriser leur maison. L'expert, va ainsi leur recommander des aménagements qui vont bien plus loin que la simple pose de batardeaux, ces panneaux qui empêchent l'eau de renter par les ouvertures : "Si vous posez un simple batardeau, l’eau rentrera par le réseau d’assainissement, par le tout à l’égout, même par les fissures dans les murs. Nous avons des mesures complémentaires aux batardeaux, réduisent les entrées d'eau ou les stoppent", confie l'expert aux propriétaires de la maison.
Pris en charge par la collectivité
Le diagnostic proposera des travaux qui permettront aussi un retour à la normal plus rapide, si l'eau rentre malgré tout dans la maison. Une vraie tranquillité d'esprit pour ces retraités : "Quand on a la chance de pouvoir prévoir, on monte le gros de notre matériel sur des parpaings, si on peut s’éviter tous ces tracas, c’est énorme", nous dit Régine.
A noter que le diagnostic est entièrement pris en charge par les collectivités, les travaux eux sont financés à 80%. Pour des bénéfices immédiats en cas d'inondations : " Les pompiers n’auront pas à venir intervenir dans les maisons avec des hauteurs d’eau problématiques, et le retour à la normale se fera plus rapidement", affirme Jean-Marie Aversenq, le directeur général du SMMAR (Syndicat mixte des milieux aquatiques et des Rivières).
Le reportage d'Alexandre Grellier et Fréderic Guibal