Les inondations dans l'Aude, le 15 octobre 2018 ont laissé des traces. Matérielles mais aussi humaines. Son appartement et son garage détruits, Patrick a dû quitter Villegailhenc pour s'installer près de Carcassonne. Séparé, il ne voit plus sa fille aussi souvent qu'il le souhaiterait.
Nous avions rencontré Patrick, au lendemain des inondations, dans un hôtel de Carcassonne, logé quelques jours comme une quarantaine d'autres sinistrés. "Je ne sais pas ce que je vais faire, je vis au jour le jour. Je n'ai pas d'avenir, je suis perdu". Très ému, il raconte la terrible nuit de l'inondation : "Une dame est décédée au bas de ma rue. C'est difficile. On n'a rien pu faire. On entendait crier au secours. Des voisins, je pense, lui disaient de monter à l'étage, mais ...".
Une dame est décédée au bas de ma rue. C'est difficile. On n'a rien pu faire
L'été précédent, Patrick Hermenegildo s'est séparé de sa femme. Il a alors décidé d'aménager dans un appartement à Villegailhenc. Toutes ses affaires étaient encore stockées dans son garage qui a été entièrement inondé. Il a ainsi perdu tous ses papiers, ses souvenirs, une moto, du matériel de bricolage et bien d'autres choses encore. Le sinistré était assuré à hauteur de 10 000 euros, une somme qui n'a pas couvert pas toutes ses pertes.
Pour autant, Patrick se veut philosophe : "Aujourd'hui, on est vivant, on poursuit notre vie. On essaie de tourner la page mais il ne faut pas se voiler la face, on y pense. Lorsque j'arrive à Villegailhenc, je passe par le pont métallique provisoire et lorsque je regarde à droite et à gauche du pont, on voit encore les séquelles des inondations. Mais, si on reste sur le passé, on ne peut pas avancer".
Mais le plus important pour Patrick est ailleurs. Cette nuit dramatique l'a obligé à quitter Villegailhenc pour Carcasssonne, où il a trouvé un nouvel appartement. "Mais j'ai laissé ma fille, ici, scolarisée à l'école du village. Je ne la vois plus aussi souvent que je le souhaite".
Il explique volontiers qu'il a été suivi psychologiquement pour surmonter ses épreuves : "il y a eu beaucoup de solidarité. J'essaie de rebondir car j'ai des enfants. Eux aussi ont été énormément marqués. A l'école, ils ont pu s'exprimer, ne pas garder ça en eux et donc j'essaie de faire de même".J'essaie de rebondir car j'ai des enfants
Patrick espère revenir habiter à Villegailhenc dès que possible, dès qu'un appartement sera disponible. "Je suis très attaché à ce village", insiste-t-il.