Vincent Bibbeau est l'un des éleveurs de chèvres audois qui utilise ce collier GPS accéléromètre. Il facilite la garde de son troupeau. Un outil qui pourrait aider les éleveurs à franchir le pas de l'élevage en plein air.
A l'origine, c'est son chien de troupeau que Vincent Bibbeau, éleveur de chèvres à Bugarach dans l'Aude, avait équipé d'un collier GPS car il lui arrivait une fois le troupeau rassemblé de faire quelques escapades vers un poulailler voisin.
"C'était en 2008, se souvient l'éleveur, quand j'ai eu mon premier chien de protection du troupeau. Quand les chèvres chômaient, autrement dit se couchaient pour ruminer, il lui arrivait de quitter le troupeau mais comme c'était vers 22h30 ou à 6 heures du matin, il m'était difficile de le surveiller".
Programme "Clochette"
Vincent l'a donc équipé d'un collier GPS. Sur son téléphone apparaissait une carte qu'il avait délimitée avec une clôture virtuelle. Quand le chien sortait de la zone, son maître était prévenu par SMS. "J'ai intercepté le chien et réglé le problème, poursuit-il. J'ai eu l'idée d'utiliser le collier sur mes chèvres. J'en ai équipé la dominante. ça m'a permis de savoir où pâturait le troupeau, si une fugue était en cours et en retraçant le parcours, de découvrir où la clôture devait être réparée".
En 2018, quand le GIE élevage (groupement d'intérêt économique) de la Chambre d'agriculture de l'Aude sollicite Vincent Bibbeau pour tester le GPS accéléromètre, dans le cadre d'un projet nommé "clochette", l'éleveur et fabriquant de fromage déjà familier de la technique, accepte.
Durant trois ans, il a comme d'autres agriculteurs du secteur, prêté le cou de ses chèvres à l'expérimentation. Des données ont été recueillies pour établir des statistiques et une étude fiable.
Un GPS accéléromètre
"L'idée était de pouvoir développer un GPS accéléromètre qui puisse indiquer ce que fait l'animal, où il se trouve, la vitesse de ses déplacements, sa prise de nourriture, explique Vincent Bibbeau. On savait, par exemple, si la chèvre mangeait la tête en bas, à mi-hauteur ou en hauteur. Elle mangeait donc soit de l'herbe, des broussailles ou des feuilles, en fonction de l'endroit où elle se situait. Si elle effectuait un déplacement rapide, on pouvait vérifier la présence ou non d'un prédateur, de chiens ou autres...".
Ce programme a été financé par des fonds européens. Il a été conçu à la demande des éleveurs. "L'idée, c'était de voir ce qui bloquait le plus pour l'installation des éleveurs et de lever les obstacles, explique Sophie Bacchin-Vinet, cheffe du service élevage à la Chambre d'agriculture d'Occitanie. On recherche à répertorier les expériences réussies pour les diffuser au plus grand nombre".
Simplifier la vie des éleveurs
"L'étude a permis de voir comment des capteurs peuvent simplifier la vie des éleveurs, qu'ils puissent savoir où leurs bêtes se trouvent exactement sans perdre de temps à les chercher, mais aussi qu'ils puissent réaliser des relevés de terrains pour justifier de certaines aides. Je pense notamment à celles qui concernent le maintien des milieux ouverts, les chèvres étant très adaptées pour garder les sous-bois propres et prévenir le risque d'incendie par exemple".
Pour la responsable du service élevage, ce système de capteurs permet surtout de sécuriser les éleveurs en leur indiquant où sont leurs bêtes, ce qu'elles mangent, si elles n'ont pas fui... "Les chèvres sont malignes, elles arrivent à s'échapper des parcs électrifiés".
Objectif : installer de nouveaux bergers
"C'est important pour un berger de savoir si une partie de son troupeau est chez un voisin en train de se gaver de luzerne car, outre le maintien de bonnes relations avec son voisinage, ça peut avoir des conséquences sur la santé des bêtes".
"Pour leur nourriture, pour leur fournir de l'eau, c'est important de savoir où elles sont exactement, détaille Sophie Bacchin-Vinet. Cette connaissance a un impact direct sur le temps d'astreinte qui est très lourd. Or, si on veut que des jeunes s'installent, il faut diminuer ces périodes d'astreinte".
Vers moins d'élevage hors sol ?
Le programme "clochette" a pris fin. Les éleveurs ne savent pas encore quelles données la nouvelle PAC prendra en compte et si les informations relevées pourront être utiles pour justifier de certaines primes, pour la préservation des milieux ouverts par exemple.
Quoiqu'il en soit, l'utilisation des colliers GPS accéléromètre est une avancée pour les éleveurs qui ont su, dès leur mise sur le marché, en tirer parti. Est-ce que cela peut contribuer à diminuer le nombre d'élevages hors sol encore nombreux dans certains secteurs d'Occitanie ? Possible et souhaitable, même si les contraintes s'avèrent encore multiples.