Les déserts médicaux ne sont pas sans conséquence sur l'espérance de vie des Français. A Carcassonne, un médecin généraliste, sans remplaçant, a décidé de repousser sa retraite pour ne pas abandonner ses patients.
Comme chaque jour, c'est le début d'un marathon pour Philippe Paux, médecin généraliste depuis 20 ans dans le quartier populaire du Viguier à Carcassonne. Chaque journée de travail, il reçoit 50 à 60 patients. A 67 ans, l'ancien médecin militaire aimerait prendre sa retraite, mais il ne trouve pas de successeur.
Je pensais partir au 31 décembre et finalement je recule de mois en mois. Là, pour l'instant,ce serait au mois de mars, et peut-être même après. Je verrais au fur et à mesure de l'avancée des conditions sanitaires actuelles, qui ne sont pas très bonnes...
Pourtant depuis un an, Philippe Paux tente de trouver un repreneur. Mais ses dizaines d'annonces n'ont intéressé que trois candidats qui n'ont pas pu aller au bout de leur démarche. Le médecin a préféré différer sa retraite pour ne pas abandonner ses 2 600 patients.
Manque de candidats
Pour un nouvel arrivant à Carcassonne, trouver un médecin traitant relève du parcours du combattant. La plupart ne prennent pas de nouveaux patients. Comme le confirment 5 appels passés auprès de médecins généralistes, sans succès ni rendez-vous à la clef.
Les déserts médicaux autrefois cantonnés à des zones rurales menacent aujourd'hui de s'étendre dans les zones urbaines. Une perspective qui inquiète le docteur Paux. Il a tenté d'alerter les pouvoirs publics à de nombreuses reprises.
" Les jeunes médecins préfèrent s'installer à la périphérie des villes pour avoir un cadre de vie plus agréable et surtout un temps libre plus important que celui des médecins de ville, ou de quartiers difficiles comme le mien," explique le docteur Paux.
Et le problème risque de s'accentuer : en 2016 une étude révélait un âge moyen de 54 ans pour les médecins généralistes du département de l'Aude.