Chèvres errantes : "le réflexe d’abattre les animaux n’est plus acceptable", une éleveuse essaie d'empêcher l'abattage de ses animaux

La préfecture de l'Aude a autorisé l’abattage de 200 chèvres retournées à la vie sauvage pour prévenir d'éventuels accidents. Une décision incomprise par l’éleveuse, qui affirme que ses animaux ne sont pas sauvages, ainsi que par le parti animaliste, qui appelle à une gestion non létale de la situation.

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Depuis plusieurs années, plusieurs dizaines de chèvres et de boucs divaguent dans le massif de Fontfroide, dans l’Aude. Considérés comme sauvages et incontrôlables par les autorités, ces animaux font l’objet de nombreuses plaintes de la part des riverains. Le 2 septembre 2024, la préfecture de l’Aude a pris un arrêté autorisant, jusqu’au 30 septembre, l’abattage par arme à feu des caprins errants dans les cinq communes des Corbières concernées : Villesèque-des-Corbières, Saint-André-de-Roquelongue, Peyriac-de-Mer, Portel-des-Corbières et Fontjoncouse.

Un élevage hors de contrôle

Tout a commencé en 2020 à Saint-André-de-Roquelongue. L’éleveuse, installée depuis 2016, est accusée de ne plus maîtriser son troupeau. Selon les élus et riverains également vignerons, ses chèvres devenues sauvages causent des dégâts dans les vignes et sont régulièrement vues sur la voie publique. Les vignerons l'accusent notamment également de nuire à leur production en s’attaquant aux bourgeons des vignes.

À force d'être broutée, la vigne finit par mourir. J'ai une parcelle de deux hectares qui ne produit plus ! C'est ma seule parcelle de vin blanc, donc je perds des marchés alors que la situation économique est tendue.

Julie Rolland

Une vigneronne de Portel des Corbières

Face aux nombreuses plaintes, les services de l’État sont intervenus pour capturer et stériliser une partie des animaux. L’éleveuse, poursuivie pour maltraitance animale (absence d’abreuvement et de nourriture, non-respect des règles de baguage), est finalement condamnée en 2022. Pourtant, la situation n’a toujours pas été résolue en 2024.

Une situation qui s’enlise

Malgré le soutien d’une association pour l’aider à installer une clôture, la préfecture estime que l’éleveuse n’a pas su contenir ses animaux. En août 2024, des chèvres ont de nouveau été repérées sur la D611A, un axe routier à forte circulation, menaçant la sécurité des usagers et des vendangeurs. L’arrêté préfectoral vise donc à abattre les animaux errants pour mettre fin à cette situation.

Un recours en justice

L’arrêté, publié et appliqué dès le lendemain, est effectif jusqu’au 30 septembre 2024. L’éleveuse a déposé un recours, qualifiant la situation d'ubuesque et dénonçant ce qu’elle perçoit comme un acharnement administratif à son encontre. Elle signale la fréquence des contrôles sanitaires, tout en déplorant qu’elle ne soit jamais informée directement des plaintes concernant la divagation de ses animaux par les plaignants eux-mêmes.

Un référé sera examiné le 26 septembre 2024 au Tribunal administratif de Montpellier. Propriétaire de 500 chèvres, elle insiste sur le fait que ses animaux ne sont pas sauvages et qu’ils retournent à la bergerie chaque soir, son exploitation s'étendant sur 860 hectares.

Mes animaux ne sont pas sauvages ! La divagation se limite aujourd’hui à une seule parcelle. Il s’agit d’un voisin vigneron qui, en 2022, a volontairement retiré ses clôtures, initialement installées pour repousser les sangliers et qui empêchaient jusque-là mes chèvres de s’approcher.

Valérie Corbeaux

Eleveuse de chèvres

Des solutions alternatives proposées

Face aux autres plaintes des vignerons, l'éleveuse propose de clôturer à ses frais les parcelles concernées. Toutefois, aucun accord n'a encore été trouvé pour mettre en œuvre cette solution. Le parti animaliste soutient l’éleveuse et milite pour une solution non létale. Il propose la capture des animaux, suivie de la stérilisation des boucs.

Le réflexe des autorités d’abattre les animaux n’est plus acceptable aujourd’hui. Des refuges sont prêts à accueillir ces chèvres si elles ne peuvent être remises à leur propriétaire.

Eddine Ariztegui

Parti animaliste

Le parti espère voir évoluer aussi la législation sur la gestion des animaux en état de divagation, en encourageant des solutions de placement dans des refuges, à l’image de l’initiative de la commune de Montpellier, qui subventionne des refuges pour animaux errants.

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