Dans l'Aude, le RN réunit des élus de droite sous la bannière du RPR : "Un nouveau mouvement politique en vue des municipales"

Alors que Les Républicains de l'Aude viennent d'élire leur nouveau président, un jeune mouvement politique sème le trouble au sein de la droite locale. Créé par des élus RN qui ont racheté le nom du parti de Jacques Chirac, le nouveau RPR séduit certains nostalgiques de Pasqua au sein de la droite traditionnelle. Cela gomme encore davantage la frontière entre LR et RN dans la région.

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Trois petites lettres pourraient bien réorganiser la droite audoise. RPR, ou le souvenir ému, pour beaucoup d'élus, d'une droite ferme et rigoureuse. Celle de Charles Pasqua et de Philippe Seguin, qui perd de son panache après la cohabitation de 1997 pour progressivement se diluer dans ce qui deviendra l'UMP en 2002.

Ce nom et cette histoire, le Rassemblement national a décidé de se l'approprier. Au mois de juin 2023, deux députés du parti de Marine Le Pen (Bouches-du-Rhônes et Aude) fondent le néo-RPR. Rejoint par des élus Les Républicains, ce nouveau mouvement politique espère influer sur les prochaines élections locales.

De quoi rapprocher encore un peu plus la droite de son extrême dans l'Aude, département qui a vu ses trois circonscriptions raflées par le RN aux dernières législatives.

Le ralliement de Jordan

Croix de Lorraine, bonnet phrygien... Les symboles, le logo et la marque du RPR avaient été laissés à l'abandon par ses anciens dirigeants. En 2022, le député RN des Bouches-du-Rhône Franck Allisio rachète le tout : il devient, de fait, président du RPR.

Le nouveau bureau entend "réunir toutes celles et tous ceux qui, dans la filiation gaulliste, sont désireux de rechercher l'intérêt national", à en croire ses statuts, publiés dans le journal officiel du 18 janvier.

Un pure récupération lepéniste qui ouvre néanmoins les bras à la droite conservatrice. En octobre 2023, une dizaine d'élus LR rejoignent l'acte 2 du RPR. Parmi eux : le conseiller municipal de Carcassone et ancien secrétaire départemental des LR dans l'Aude, Edouard Jordan.  

"On est surtout déçus", réagit Bernard Tondereau au sujet du départ de Jordan. Tout juste élu à la tête des Républicains de l'Aude, le retraité ne se retrouve pas dans les valeurs du Rassemblement national. "Je préfère qu'on soit moins nombreux, mais droits dans nos bottes", considère celui qui veut "rassembler, reconstruire et rajeunir" sa propre famille politique. 

"Pour l'instant, c'est une association"

À Carcassonne, dans l'une des villes historiques du RPR originel, longtemps dirigée par Raymond Chesa (1983-2005), les partisans du RPR bis commencent à se réunir. "Pour l'instant, c’est une association qui reprend les valeurs d’antan", décrit un de ses membres, Jean-Pierre Lecina, également délégué aux sports à la mairie de Carcassonne.

"Une réunion", "peut-être un apéro pour les fêtes", "mais rien de concret à plus ou moins long terme", assure prudemment l'élu Divers Droite (DVD) au micro de France 3 Occitanie.

Selon lui, les adhérents du nouveau RPR sont "des gens qui ont jugé utile de se positionner dans un parti qui représentait leurs valeurs, celles du RPR, maintenant partagées par le Rassemblement national".

"Séduire ceux qui n'osaient pas franchir le pas"

C'est aussi l'avis Christophe Barthès. Membre de l'ancien RPR jusqu'en 1997, ce député RN de l'Aude fait le choix de l'extrême droite dans les années 2000, quand elle s'appelait encore Front national (FN). Fondateur du nouveau RPR, il voit dans ce collectif une solution pour "séduire ceux qui n'osaient pas franchir le pas du RN".

Le député ne cache pas ses ambitions. Selon lui, le RPR est "un nouveau mouvement politique" : "Il n'y aura pas de listes RPR, mais des candidats soutenus par le RPR aux prochaines élections municipales", précise-t-il auprès de France 3 Occitanie. 

Dorénavant réunis sous une bannière plus consensuelle, les membres du RPR comptent continuer à défendre leurs idées dans le sud de la France, d'ores et déjà terre conquise de l'extrême droite. Parmi les 89 députés RN à l'Assemblée nationale, un tiers représentent des circonscriptions d'Occitanie et de Provence-Alpes-Côte d'Azur.

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