1794, c'est l'année de fondation du moulin de la Jalousie situé dans la commune de Belpech dans l’Aude, retenu par la mission Bern pour bénéficier du Loto du patrimoine. Il abrite encore aujourd’hui une étonnante scierie et une menuiserie actionnées par la seule force hydraulique.
L'un des derniers moulins hydrauliques en état en Occitanie, le moulin de la Jalousie a été bâti l'an 3 de la République. L'inscription gravée maladroitement sur une pierre témoigne de l'âge canonique de l'édifice qui enjambe encore la Vixiège.
Un ouvrage symbole de la Révolution
La date de naissance du moulin n'est pas un hasard. La nuit du 4 août 1794 voit l'abolition des privilèges. Parmi ceux-ci le droit de cuire ou de moudre souvent restreint aux moulins et aux fours des seigneurs locaux. Le tiers-état, c’est-à-dire la majorité de la population, doit payer une taxe pour y accéder. Au lendemain de la Révolution, un meunier décide de construire son moulin. L'histoire dit que les habitants des environs, jaloux de sa réussite, lui intentèrent un procès, l'accusant de retenir l'eau de la rivière. L'eau de la rivière a coulé depuis. Le nom, lui, est resté: moulin de la Jalousie.
Transformé en scierie en 1921
Pierre Amengaud, ébéniste, veille désormais sur la destinée d'un monument qu'il souhaite préserver à tout prix. Le moulin de la Jalousie est entré dans la famille depuis plusieurs générations. D'abord destiné à la production de farine, en 1921 l'arrière grand-père de Pierre Armengaud change son usage : la force de l'eau servira désormais à faire fonctionner une scierie. Une génération plus tard, une menuiserie est venue s'y ajouter.
Pierre Armengaud conserve l'ensemble de ces mémoires : les meules pour la farine sont encore visibles dans la plus ancienne salle. Le plus étonnant reste l'ensemble des machines d'époque notamment la scie de long pour découper les grumes en planches en parfait état de fonctionnement.
D'un simple geste à l'intérieur, Pierre actionne l'ouverture d'une vanne qui permet selon son ouverture de modifier le débit et d'adapter l'énergie nécessaire à l'outillage.
Un monument en péril
Retenu dans le cadre du loto du Patrimoine, ce vestige du passé artisanal bénéficiera d'un minimum de 100 000 euros de subvention. Un minimum pour sauver l'édifice. L'ensemble de la machinerie et des courroies sont fixés à la couverture et à la charpente en bois de peuplier. À bout de souffle, l'ensemble doit être restauré. Deux des qiuatre rouets qui recueillent l'eau de la rivière Vixiège sont aujourd'hui hors d'usage. Le chantier s'annonce d'ampleur, mais Pierre Armengaud entend relever le défi.
Le projet d'un chantier d'insertion
Pierre Armengaud a même d'autres ambitions. Il caresse l'idée de faire de ce moulin unique en Occitanie un lieu de patrimoine vivant. Les métiers d'artisanat du bois pourraient être enseignés ici. La taille de pierre aussi pour rendre au premier moulin son habillage de pierre aujourd'hui recouvert. La visite du préfet de l'Aude accompagné de représentants de la Drac témoigne de l'interêt pour le site.
Un classement à l'inventaire du patrimoine historique est aujourd’hui également à l'étude.