Le tribunal de Carcassonne laissera-t-il chanter le coq Saturnin ?

Menacés par un de leurs voisins pour "nuisances sonores", les propriétaires du coq Saturnin de Villable doivent attendre le délibéré du 16 février 2023 pour savoir s'ils pourront ou non garder leur gallinacé.

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"Dans la basse cour il y a, des poules, des canards, des oies" ... on aurait presque envie de chanter ce Rock'n'roll des gallinacés à l'écoute de cette affaire. Pourtant ce n'est pas du goût d'un des habitants de Villable, petit hameau près de Carcassonne qui se plaint du chant du coq de ses voisins.

Aujourd'hui, lundi 23 janvier, a lieu l'audience qui fixera le sort de "Saturnin", le roi de la basse-cour au tribunal civil de Carcassonne. Depuis l'été 2021, ses propriétaires, Charlotte Voltes et Mathieu Bobic ont été assignés par huissier de justice au sujet de nuisances sonores liées à leur coq.

L'affaire ne relève plus d'une comptine d'enfant puisque l'avocate du plaignant, installé à Villable avant l'arrivée de ses voisins, a demandé 5 000 euros de préjudice ainsi que la cessation des nuisances sonores avec paiement d'une amende restreinte.

Elle décrit un homme "épuisé par les chants du gallinacé" et s'insurge du constat d'huissier qui affirme avoir entendu le coq chanter à 17 reprises à 1 heure du matin.

En réponse, Franck Alberti, l'avocat des propriétaires du coq, conteste cette affirmation et rappelle toutes les autres nuits où l'huissier est passé sans entendre le coq chanter, ainsi que les 13 attestations des voisins qui ne se plaignent pas de ces nuisances sonores.

Combat de coq ?

Pour s'assurer que Saturnin ne soit pas déréglé par l'éclairage de la voirie, ses propriétaires ont fait une demande de changement de l'éclairage à la mairie de Carcassonne, qui a été effectuée.

En parallèle, ils ont contacté leurs voisins pour s'assurer que cela ne les dérangeait pas. "On s'était renseignés pour le donner à association avec des jeunes enfants handicapés qui fait de la médiation animale si jamais ça dérangeait quelqu'un mais quand on a vu que ça ne dérangeait qu'une seule personne, on a décidé de le garder avec nous", explique Charlotte.

En soutien, le jeune couple a créé une pétition « Il faut sauver Saturnin », qui a recueilli 2 400 signatures.

Campagne française

Une chose est sûre, Franck Alberti et ses clients ne lâcheront rien. Au-delà du souhait de garder Saturnin et de ne pas avoir à payer des indemnités, les défenseurs du gallinacé veulent défendre "ce patrimoine de la campagne française", évoqué dans l'Indépendant. 

L'avocat qualifie Villable de "petit hameau qui a conservé en grande partie un mode de vie rural". Mode de vie qu'il considère comme primordial de défendre.

"Nier la réalité de cette ruralité, c'est vouloir vivre dans un monde aseptisé. C'est vouloir vivre un peu à l'écart dans cette campagne sans en accepter les composantes : les cloches, les vaches, le chant du coq."

Franck Alberti

L'affaire a été mise en délibéré au 16 février 2023, il faudra attendre jusque-là pour savoir si Saturnin pourra continuer à chanter à Villable.

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