Ce dimanche 12 juin a lieu le premier tour des législatives 2022 pour élire les futurs députés sur les bancs de l'Assemblée Nationale. Qui sont les candidats dans l'Aude et quels sont les enjeux des trois circonscriptions ?
Pour connaître tous les résultats, nous vous proposons ce widget Franceinfo:
Dans l'Aude, il y a trente-cinq candidats à la députation sur les trois circonscriptions : ils sont dix sur la première, quatorze sur la deuxième et onze sur la troisième circonscription. En 2017, La République en marche, le tout jeune mouvement lancé par Emmanuel Macron avait réalisé un carton plein en envoyant ses trois représentants au Palais Bourbon. Danièle Hérin dans la première circonscription, Alain Péréa sur la deuxième circonscription et Mireille Robert sur la troisième.
Un exploit dans ce département traditionnellement socialiste mais pas tout à fait une première : en 1997, ce département viticole avait élu trois députés de la droite et du centre, à rebours du pays qui avait porté la gauche plurielle au pouvoir. Un résultat souvent interprété comme une conséquence dans ce département agricole de l'adoption de la loi Evin, limitant notamment la publicité pour les fabricants d'alcool.
La donne a changé
En 2022, la donne a changé. Les résultats de la Présidentielle 2022 montre un maintien du vote en faveur d'Emmanuel Macron, qui a réuni un peu plus de 43.000 votes sur les deux scrutins. Le Rassemblement National et sa candidate Marine Le Pen est en progression. La France Insoumise et sa tête de proue Jean-Luc Mélenchon ont rassemblé 4000 voix de moins sur le département au premier tour de la Présidentielle (42.039 en 2022 contre 46.126 en 2017). Mais le principal changement dans le département entre les deux scrutins reste l'inversion des résultats du second tour : en 2022, Marine Le Pen a terminé en tête sur le département avec 54,90% des suffrages exprimés. Cinq ans auparavant, c'est Emmanuel Macron qui avait réuni 55,33% des voix.
Selon une projection réalisée par le site mobilisations réalisés avec Cluster 17, les candidats NUPES sont bien placés dans cette élection. Le rassemblement des forces de gauche pourrait remporter les 3 sièges de députés.
1ère circonscription : la poussée du RN
En 2017, Danièle Hérin, la candidate La République en Marche a été élue sur cette circonscription qui comprend notamment la préfecture Carcassonne ainsi que la ville de Lézignan-Corbières. La députée sortante est à nouveau candidate en 2022, malgré quelques atermoiements du mouvement présidentiel. Mais cette ex présidente de l'Université des sciences de Montpellier et ancienne conseillère municipale de la majorité du maire centriste de Carcassonne Gérard Larrat, n'aura pas la partie facile.
Car le Rassemblement National est en progression constante sur la circonscription. Marine Le Pen a d'ailleurs terminé en tête aux deux tours de la Présidentielle 2022 à Carcassonne, à Lézignan-Corbières et dans de nombreux villages de cette circonscription entre villes moyennes et ruralité. Christophe Barthès sera le candidat du parti d'extrême-droite pour la seconde fois, après un premier galop en 2017. Cet agriculteur originaire de Trèbes est très implanté sur la circonscription et rêve de crever enfin le plafond de verre.
Mais la division de l'extrême droite pourrait lui couter des voix : Reconquête, le mouvement d'Eric Zemmour, présente également un candidat sur ces terres en la personne d'Axel Roulliaux, un étudiant en science politiques âgé de 22 ans et fils de viticulteur.
La droite traditionnelle est aussi représentée dans ce scrutin. Laurent Pérez, chef d'entreprise et président du MEDEF audois pendant plus de dix ans espère que son réseau départemental lui permettra d'accéder au second tour.
Une division des voix qui pourrait profiter à la NUPES, la nouvelle alliance des forces de gauche. Qui a investi une socialiste sur cette circonscription, Sophie Courrière Calmont. La vétérinaire est conseillère municipale d'opposition à Lézignan-Corbière et a été conseillère régionale dans la précédente mandature de Carole Delga. Son nom de famille n'est pas inconnu des électeurs audois les plus anciens : son père Raymond Courrière, a dirigé le conseil départemental de l'Aude entre 1987 et 1998, il a également été sénateur et secrétaire d'Etat.
Au total, dix candidats sont en lice sur la circonscription.
2ème circonscription : prime au sortant ?
En 2017, Alain Péréa a été élu député de cette circonscription qui englobe notamment tout le littoral audois et la sous-préfecture de Narbonne. Ce fonctionnaire territorial, ancien maire de la commune de Villedaigne et ancien président du Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée a fait un premier mandat remarqué. Adoptant parfois des positions à rebours du gouvernement : les mentions au mouvement présidentiel et à la majorité sont d'ailleurs très discrètes sur son matériel de campagne. Pendant cinq ans, il a assumé un rôle de porte-voix pour la ruralité et les chasseurs, mais aussi pour le monde de la viticulture. Son sens politique en fait un candidat redoutable pour ses concurrents.
Qui sont nombreux sur cette circonscription, 14 au total. Parmi les favoris, Frédéric Falcon. Ce chef d'entreprise trentenaire est candidat pour la première fois pour le Rassemblement National. Qui, comme partout sur l'arc méditerranéen, réalise de très bons scores sur le littoral audois : à Port-la-Nouvelle, Marine Le Pen a ainsi réuni 42,48% des voix au premier tour et 67,14% au second.
Là encore, un candidat Reconquête disputera les voix de l'extrême-droite au RN. Jean-François Daraud avait déjà sollicité les suffrages des électeurs de cette même circonscription en 2017, mais c'était alors pour le compte du Rassemblement National. Sa personnalité clivante et sa versatilité politique (issu de l'UDI, il est passé par le RN et est maintenant adhérent à reconquête) pourraient le handicaper. Et la concurrence risque d'être vive à droite de la droite puisque le parti de Floriant Philippot, Les Patriotes est aussi représenté dans cette élection, par Francis Thomas.
Les Républicains et leurs alliés ont misé sur le jeunesse, en confiant l'investiture à Quentin Estrade, 25 ans. Cet interne en cardiologie n'est pas encarté dans un parti mais veut défendre les valeurs de la droite républicaine.
A gauche, c'est une candidate écologiste qui a été investie par la Nouvelle Union Populaire Economique et Sociale (NUPES), dans cette circonscription dont Léon Blum, figure du socialisme, a été le député entre 1929 et 1940. Viviane Thivent est une ancienne journaliste scientifique et a déjà été candidate à Narbonne pour Europe-écologie-Les Verts aux dernière municipales. Mais attention à la division ! Car le Parti Radical de Gauche a lui investi Edouard Rocher, le maire de Coursan. Et le maire de Gruissan, Didier Codorniou, poids lourd du PRG et proche de Carole Delga, est réputé influent sur le secteur.
3ème circonscription : Promise à LFI ?
En 2017, les électeurs de cette circonscription avaient choisi Mireille Robert. Alors qu'en face, le Parti socialiste avait investi le président d'alors du Conseil départemental de l'Aude André Viola. L'institutrice, ancienne directrice d'école dans le village de Pieusse, dans le Limouxin, est aussi femme de viticulteur. Elle avait été parmi les 14 premiers candidats investis par la République en Marche en 2017, entre les deux tours de la Présidentielle. La députée s'est beaucoup investie pendant son mandat, notamment à la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale.
Cette année, les électeurs auront le choix entre onze candidats dans cette vaste circonscription rurale qui englobe deux villes moyennes, Limoux et Castelnaudary, mais aussi toute la haute vallée de l'Aude, une bonne partie des Corbières ainsi que le territoire très rural de moyenne montagne du plateau de Sault. Mais qui comporte aussi une partie des quartiers les plus populaires de Carcassonne.
Une terre de contraste politique : traditionnellement très ancrée à gauche, particulièrement en haute vallée, mais aussi de plus en plus perméable aux sirènes de l'extrême-droite, notamment dans les zones les plus rurales.
Le Rassemblement National a investi le jeune Julien Rancoule, un de ses fers de lance au niveau départemental depuis quelques années déjà. Cet ancien agent de sécurité limouxin, aujourd'hui patron d'une entreprise de formation, est très implanté localement : issu d'une famille de viticulteurs, il est aussi pompier volontaire. Face à lui, Les Républicains n'ont investi personne, le concurrent potentiel ayant retiré sa pré-candidature quelques semaines avant l'élection, officiellement pour des raisons budgétaires. Mais Carine Pottier, candidate UDI représentera tout de même la famille de la droite républicaine.
Comme le RN, la France Insoumise et ses alliés de la NUPES ont aussi fait le pari de la jeunesse. En investissant Johanna Adda-Natter qui a grandit en Haute-Vallée de l'Aude et vient tout juste de terminer ses études. A seulement 26 ans, elle a des chances véritables d'accéder à la députation. Malgré la concurrence, pour les voix de gauche du candidat investi par le Parti Radical de Gauche, Aurélien Turchetto. Le maire de Villesèquelande, une commune rurale de l'Agglomération de Carcassonne peut en plus se targuer d'être le seul candidat dans le département à être soutenu par la présidente de Région Carole Delga, en l'absence de concurrent socialiste (titulaire ou suppléant) sur la troisième circonscription.
Traditionnellement le taux de participation de cette troisième circonscription très rurale est bien au-dessus de la moyenne : de quoi peut-être favoriser une triangulaire, si les voix ne se dispersent pas trop au premier tour.