Le bilan de l'attentat dans l'Aude, qui a eu lieu vendredi 23 mars, fait état de quatre morts et quinze blessés. La première victime est décédée à Carcassonne, les autres dans un supermarché de Trèbes, dont le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame.
Depuis le décès du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame ce samedi matin, le parcours meurtrier de Redouane Lakdim dans l'Aude fait désormais quatre morts.
Vendredi matin, l'homme de 25 ans, se revendiquant de Daesh, tue un premier homme à Carcassonne. Il s'agit d'un viticulteur âgé d'une soixantaine d'années qui était passager d'une Open Corsa.
Natif de la commune voisine de Villedubert comme sa famille depuis quatre générations, Jean Mazières, marié, père d'un fils, était impliqué dans beaucoup d'associations et notamment au comité des fêtes.
"C'était quelqu'un de très jovial qui aimait la vie qui aimait faire la fête", a commenté Marc Rofes, maire de Villedubert, un village à 5 km de Trèbes. "On a perdu quelqu'un apprécié de tous. Ce n'est vraiment pas de chance, il était au mauvais endroit au mauvais moment, c'est un destin tragique", a-t-il ajouté.
Après avoir dérobé la voiture dans laquelle se trouvait M. Mazière et le conducteur, un homme d'origine portugaise grièvement blessé, Redouane Lakdim se dirige ensuite vers un groupe de CRS marseillais qui effectuaient leur footing. L'un d'entre eux, âgé de 43 ans, est touché par des tirs. Blessé au poumon, son pronostic vital n'est pas engagé.
En fin de matinée vendredi, l'auteur des deux précédentes attaques, prend en otage une cinquantaine de personnes dans un supermarché de Trèbes.
Un client est alors abattu. Il s'agit d'Hervé Sosna, 65 ans, maçon à la retraite qui se rendait "dans ce magasin deux fois par semaine", a raconté son demi-frère William Durand, au quotidien la Dépêche du Midi.
Cet habitant de Trèbes "avait de grandes capacités intellectuelles, lisait énormément, surtout des poèmes. Mais comme il n'avait jamais voulu quitter Trèbes, il s'était lancé dans le bâtiment", a témoigné M. Durand, qui voyait son frère "tous les jours". "Il n'avait rien demandé et on l'a tué comme ça", s'est-il désolé.
Un boucher "hyper bon vivant"
Une autre personne est tuée dans le magasin. Il s'agit du chef du rayon boucherie. Christian Medves, marié, père de deux filles (Florie et Julie) venait à peine de fêter ses 50 ans et était déjà grand-père d'une petite-fille d'un an.
"On ne sait pas encore ce qui s'est passé, mais connaissant Christian, je l'imagine bien avoir voulu s'interposer. C'était un bon mec, un mec courageux et digne", a raconté Franck Alberti, son ami depuis 45 ans, dans le quotidien l'Indépendant.
Selon son frère, dans les colonnes du Parisien, Christian Medvès était "hyper bon vivant, extrêmement attaché à sa famille et à ses amis." L'un d'eux lui rend d'ailleurs hommage sur sa page Facebook, précisant qu'une cagnotte en ligne a été créée en soutien à sa famille.
Arnaud Beltrame, tombé en héros
Alors que la prise d'otage a lieu depuis quelques heures, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame décide de prendre la place d'une des personnes présentes dans le supermarché de Trèbes. Son acte, qualifié d'héroïque par le ministre de l'Intrérieur Gérard Collomb, permettra ensuite l'intervention du GIGN.
Le lieutenant-colonel, âgé de 45 ans, est finalement décédé des suites de ses blessures samedi matin.
Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame nous a quittés.
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) 24 mars 2018
Mort pour la patrie.
Jamais la France n’oubliera son héroïsme, sa bravoure, son sacrifice.
Le coeur lourd, j’adresse le soutien du pays tout entier à sa famille, ses proches et ses compagnons de la @Gendarmerie de l’Aude. pic.twitter.com/I1h8eO7f9a
Nommé officier adjoint au commandement du groupement de gendarmerie de l'Aude en 2017, Arnaud Beltrame a été commandant de la compagnie d'Avranches (Manche)
jusqu'en 2014, avant de devenir conseiller auprès du secrétaire général du ministère de l'Écologie. Il a accédé au rang de lieutenant-colonel en 2016.
Fait prémonitoire, en décembre 2017, il avait participé à un exercice simulant une tuerie de masse dans un supermarché de la région, selon La Dépêche du Midi.