En France, environ 20 000 producteurs vivraient de la culture de la truffe. Pourtant, il n’existe, pour les trufficulteurs, aucun statut spécifique – et aucune filière nationale pour le produit.
La nuit a été froide, le temps plutôt sec : une météo idéale pour la récolte de la truffe, à l’avant-veille de Noël. Car la tuber melanosporum, au goût si fin, est particulièrement prisée en période de fêtes.
Philippe Clergue est trufficulteur depuis plus de 30 ans, dans l’Aude. Au-delà de la tradition familiale, il s’est peu à peu professionnalisé, notamment en irriguant ses chênes truffiers et en plantant régulièrement pour assurer le renouvellement de ses truffières. Ne reste qu’à parcourir les 2 hectares de son terrain, aux côtés de son chien, pour tenter de déterrer les précieux champignons.
Flou juridique
"Je m’y suis vraiment mis en 2003, l’année de la canicule", explique Philippe Clergue à France 3 Occitanie. "On a senti que le réchauffement climatique commençait à entrer en jeu. Si je n’avais pas fait ça, je me serais retrouvé sans production de façon récurrente."
Montant de son investissement, à l’époque : 10 000 euros pour sa parcelle. Et si une partie a pu être prise en charge par la région Occitanie, l’absence de statut spécifique pour les trufficulteurs a représenté un handicap, faute d’un soutien financier homogénéisé à l’ensemble des producteurs.
Car la trufficulture est décidément une profession à part. Au sein même des filières agricoles cohabitent deux statuts, celui de chef d’exploitation agricole et celui de cotisant solidaire. Or, certains producteurs ne rentrent dans aucune de ces cases… Et devraient pourtant cotiser à la Mutuelle sociale agricole (MSA) comme n'importe quel agriculteur.
Reconnaissance nécessaire
"Il faut qu’on arrive à trouver une solution pour réunir tous les trufficulteurs quels qu’ils soient, on ne doit pas les laisser au bord de la route. Il y a celui qui a déjà un statut agricole et celui qui ne l’a pas. Celui qui est retraité et celui qui n’est pas retraité agricole…", énumère Alain Giniès, vice-président de la Fédération française des trufficulteurs et membre de l'Association des trufficulteurs audois.
"Il faut qu’on arrive à une solution pour être reconnu au niveau des professions agricoles, on a besoin de cette reconnaissance", insiste-t-il. "Quand on doit transmettre des subventions d’argent public, on se doit de le faire dans une filière agricole bien identifiée."
Le trufficulteur a lancé la réflexion d’éclaircir, enfin, ce flou juridique. Il espère que la mise en place d’un véritable statut dédié à la culture du diamant noir permettra de faciliter les levées de fonds auprès de l’État et des collectivités… Notamment pour permettre aux producteurs de truffes, ainsi plus soutenus par les institutions, de mieux être accompagnés pour faire face au changement climatique.