Le ministre français délégué à l'Agroalimentaire Guillaume Garot rencontre à 13 h 30 les représentants du personnel de Spanghero, signe de la gravité de la situation dans laquelle se trouve l'entreprise de Castelnaudary menacée d'être emportée par le scandale de la viande de cheval.
Guillaume Garot verra les représentants du personnel ainsi que des élus locaux vers 13H30 à Montpellier (sud) à la faveur d'un déplacement programmé
de longue date en Languedoc-Roussillon.
Cette rencontre témoigne de l'acuité de la crise. Spanghero, prise dans la tourmente depuis février, a été mise en liquidation vendredi, avec la possibilité de poursuivre ses activités pendant trois mois, peut-être six. Durant cette période, le propriétaire actuel, la coopérative basque Lur Berri, qui estime avoir beaucoup fait, va chercher à vendre l'entreprise de Castelnaudary (Aude, sud-ouest). Les salariés s'attendent à l'annonce d'un plan social dès cette semaine.
240 salariés sur le qui vive
Spanghero revendiquait 360 salariés quand elle a été frappée de plein fouet par le scandale. Maintenant qu'elle ne recourt plus aux contractuels ou aux intérimaires faute d'activité, ils ne sont plus que 240, dit la communication de l'entreprise.
Spanghero fabrique surtout des plats cuisinés et des produits transformés, comme de la charcuterie. C'est une activité mineure dans son chiffre d'affaires (la revente de viande comme matière première) qui lui vaut d'être aujourd'hui dans une passe critique.
Le scandale
En février, Spanghero a été accusée d'avoir joué un rôle capital dans le scandale européen de la viande de cheval. Elle aurait sciemment revendu comme du boeuf de la viande de cheval entrant dans la préparation de plats cuisinés. En mars s'ajoutait la révélation qu'on avait aussi trouvé chez Spanghero 57 tonnes de viande de mouton britannique prohibée.
L'entreprise a toujours protesté de sa bonne foi et dit avoir été victime des intermédiaires de la filière.
Mais les clients de Spanghero, parmi lesquels de grands distributeurs, se sont détournés et l'usine tourne au ralenti. Spanghero perd 200.000 euros par semaine, dit le président Barthélémy Aguerre. Ils ne seraient que 80 à y travailler effectivement.
Menace de plan social
Devant la menace d'un plan social, l'Etat est "mobilisé et attentif", dit-on au ministère, "nous croyons au potentiel de cette entreprise, il faut que cette nouvelle étape permette de retrouver la confiance et un retour de l'activité".
C'est le même espoir qu'avaient exprimé les autorités quand, après quatre jours de suspension, elles avaient autorisé la reprise de la production en rétablissant les agréments de Spanghero (sauf pour le négoce de matière première) mi-février.
Seulement, les efforts pour faire revenir la clientèle ont été torpillés le 19 mars quand la découverte de mouton britannique interdit a été rendue publique,
disent les employés.
Ils ont très mal pris cette nouvelle avanie: ils n'ont pas compris que cette découverte, faite en même temps que la viande de cheval en février, soit publiée plus d'un mois après.