Les viticulteurs vont manifester le 25 novembre. Les organisateurs annoncent un mouvement sans précédent, à la hauteur de la crise qu'ils traversent actuellement avec baisse de la production, l'augmentation des charges et la baisse du prix de vente.
Les vendanges sont terminées depuis plusieurs semaines à Portel-des-Corbières, dans l'Aude. Il ne reste plus que les feuilles dorées par l’autonome. C’est la période de la taille pour Henri Serral. Sur une de ses parcelles impossible à irriguer, les vignes sont cette année particulièrement chétives.
"Dans une année normale, on arrive à laisser une baguette. Cette année, vu la longueur des samals, on taille court pour redonner de la force en espérant qu’il pleuve cet hiver, sinon elle ne repartira pas", s'inquiète le vigneron interrogé par notre équipe de France 3 Occitanie.
Moins de pluie dans l'Aude que dans le désert du Sahara
Autrement dit, cette vigne risque de mourir à cause d'une sécheresse persistante. L’année passée, par exemple, il n’est tombé que 100 mm de pluie sur cette partie de l’Aude, c’est même moins que dans le désert du Sahara. Et cet automne, le scénario catastrophe continue.
Le pluviomètre est vide. On n’a même pas besoin de le vider. On arrive mi-novembre, pas une goutte d’eau, c’est désespérant pour la récolte qui arrive.
Henri Serral, viticulteur à Portel-les-Corbières
Forte de baisse de production et du chiffre d'affaires
La production du viticulteur est en chute libre : - 60 % cette année. Son chiffre d’affaires est en berne, d’autant plus que ses dépenses, elles, ont augmenté.
"Ça fait une paire d’années que les charges ont explosé, le gasoil, les produits phytosanitaires, le matériel. On a pris 20 ou 30 % d’augmentation sur toutes nos charges", ajoute le vigneron.
Hausse des charges
Plus de charges et moins de production, une équation impossible que les viticulteurs de toute la région tentent aujourd’hui de résoudre.
C'est le constat de la coopérative des vignerons de l’Hérault. On y transforme le raisin en vin pour 400 producteurs du département. La qualité du vin est là mais les volumes s’étiolent au fil des ans.
La quantité de vin sur la région a beaucoup diminué ces dernières années. La production en Occitanie a été divisée par trois depuis 30 ans. On est cette année sur la deuxième plus petite récolte jamais connu dans notre région.
Fabien CastelbouPrésident des vignerons coopérateurs de l'Hérault
Pour compenser ces baisses, la coopérative a choisi d’augmenter les prix dans son magasin de vente directe.
Prix bas
Mais les volumes écoulés ici sont anecdotiques. L’essentiel du 1,3 million de litres de vin produits chaque année est vendu à des négociants, des grossistes qui tirent les prix vers le bas.
"Nos marges fondent et ne sont plus là aujourd’hui. Si le prix du vin n’augmente pas, on va devoir faire face à des faillites nombreuses", ajoute Fabien Castelbou. Une hausse des prix refusée catégoriquement par les négociants.
Consommation en baisse
Rachel Saada est une de ces intermédiaires qui achète le vin pour le revendre à la grande distribution.
"Là vous avez une palette destinée à une centrale d'achat Carrefour, ici une commande qui va partir à Géant casino à côté". Ces enseignes ont vu leurs ventes de vin chuter ces dernières années. En France, la consommation de vin recule… Alors quand la demande baisse, les prix doivent diminuer estiment les magasins.
"On ne peut pas baisser nos prix si, derrière, on nous augmente. On ne peut pas acheter plus cher aux viticulteurs, on a décidé d’arrêter cette année. C'est une question de survie de l’entreprise", précise Rachel Saada, directrice commerciale Les Vignobles d'Oc.
La viticulture, un des piliers de l'économie régionale
Ces difficultés traversées par la filière pourraient jeter un coup de froid sur l’économie d’Occitanie, la première région viticole de France.
Avec un chiffre d’affaires annuel de deux milliards d’euros, le secteur est avec l’aéronautique, le pilier de l’économie régionale.
Écrit avec Emilien David