L'inflation et la prolifération du mildiou coûtent cher aux vignerons de l'Aude, dont le syndicat dénonce en parallèle la concurrence déloyale du vin espagnol. Les viticulteurs ont obtenu l'autorisation de distiller pour 160 millions d'euros cette année.
C'est l'été de tous les dangers pour les vignerons de l'Aude. Alors que la filière n'a pas augmenté ses prix depuis le début de la guerre en Ukraine en dépit de l'augmentation du coût des transports, elle doit faire face à une consommation stagnante et, fait rare, un épisode de mildiou, un champignon qui s'attaque au raisin depuis deux mois.
"À cause d'un excès d'eau, on n’a pas pu rentrer dans les vignes pour procéder aux traitements", explique Frédéric Rouant, président du syndicat des vignerons de l'Aude, qui a publié un communiqué. L'apparition du mildiou est favorisée par l'alternance d'épisodes de forte humidité et de chaleur, ce à quoi est venue s'ajouter l'influence océanique de l'Aude. "Certaines vignes sont perdues à 100%, on va sur des très petites récoltes", prévient le professionnel.
Alors que les coûts augmentent depuis le début de la guerre en Ukraine, les bénéfices ne suivent pas, la faute à la baisse du pouvoir d'achat selon le syndicaliste, dont la filière emploie près de 4 000 personnes dans le département. Une conjoncture défavorable à laquelle s'ajoute le changement climatique qui assèche les récoltes.
Les vins espagnols et les négociants pointés du doigt
Le syndicaliste s'en prend notamment aux intermédiaires des grandes surfaces et aux vins espagnols. "Les négociants se servent du contexte actuel pour nous dissuader d'adapter nos prix, et en parallèle on subit la concurrence déloyale des vins espagnols", dénonce le viticulteur. Le pays voisin possède en effet des standards de production plus avantageux, car moins contraignants en termes de normes sociales et environnementales. "On serait incapables de produire le même vin qu'eux avec les règles en vigueur en France, et les négociants menacent d'aller se fournir chez eux. Mais on ne va pas se laisser mourir", soutient le syndicaliste, qui songe à manifester sa colère sur le terrain syndical.
L'état psychologique des viticulteurs est catastrophique, certains commencent à changer de professions...
Frédéric Rouanet, président du Syndicat des vignerons de l'Aude
Face à ce contexte, l'Etat a autorisé la filière à distiller trois millions d'hectolitres de vins invendus, transformés en alcool revendu à des professionnels, en contrepartie d'une enveloppe de 160 millions d'euros.