Le comité d'entreprise de Spanghero, menacée de fermeture à cause du scandale de la viande de cheval, examinait vendredi les deux offres de reprise de la société, dont celle du co-fondateur Laurent Spanghero, invité à lui exposer son projet, a constaté un journaliste de l'AFP.
Présent vendredi matin sur le site de Castelnaudary dans l'Aude, où le comité d'entreprise a débuté peu avant 9h, Laurent Spanghero, 74 ans, a été convié à exposer son plan devant le CE, accompagné de ses deux partenaires, un promoteur immobilier de Narbonne Jacques Blanc et l'un des dirigeants du cabinet de conseil Investeam.
Jeudi, celui qui a fondé l'entreprise avec son frère avant de la céder à la coopérative basque Lur Berri en 2009, avait mis en cause l'impartialité du comité d'entreprise, doutant même que son projet serait évoqué.
Au terme de ses travaux vendredi, le comité d'entreprise devrait rendre un avis consultatif mais il appartiendra au tribunal de commerce de Carcassonne de retenir l'une des deux offres ou aucune la semaine prochaine.
Interrogé par la presse, Laurent Spanghero a assuré que son projet, qui vise le maintien des deux activités du site - préparation de plats cuisinés et transformation de viande -, permettrait de sauvegarder dans un premier temps 100 des 230 emplois du site. Si son projet était retenu, la société serait rebaptisée "les Saveurs
occitanes", a-t-il précisé
M. Spanghero, qui avait haussé le ton jeudi en affirmant faire l'objet d'un traitement inégalitaire, a eu des mots très durs vendredi sur le projet concurrent.
Ce dernier, porté par des salariés et deux industriels, prévoit que Delpeyrat (foie gras, plats cuisinés), filiale landaise du groupe coopératif Maïsadour, reprenne les plats cuisinés, notamment pour fabriquer du cassoulet de Castelnaudary haut de gamme, tandis que la société Deveille, de Feurs (Loire), spécialisée dans la transformation de la viande (abattage, steaks, saucisses), reprendrait l'activité similaire de Spanghero.
Mais selon Laurent Spanghero, la future entreprise a besoin de faire table rase de son passé récent pour retrouver de la crédibilité et récupérer la confiance des donneurs d'ordre, à savoir plusieurs enseignes de la grande distribution.
"Il s'agit de redonner un souffle nouveau à cette entreprise. Le passé, il est dramatique, il est calamiteux, l'entreprise elle n'est pas malade, elle est en danger de mort. Je crois qu'on va peut-être la sauver mais il faut un sacré docteur pour la sauver car elle est encore gangrénée de l'intérieur", a déclaré M. Spanghero.
"Il n'est pas possible qu'il y ait eu autant de malversations dans cette entreprise sans complicités. Ca veut dire qu'il y a encore des complicités dans l'entreprise", a-t-il affirmé, rappelant qu'une enquête judiciaire était toujours en cours à Paris.
L'entreprise Spanghero est aux abois depuis qu'elle a été désignée, mi-février, comme un responsable primordial du scandale européen de la viande de cheval, revendue pour du boeuf à des entreprises produisant elles-mêmes des plats cuisinés pour de grands distributeurs.
Spanghero, poids lourd économique régional qui revendiquait 360 salariés avant le scandale, espérait se rétablir mais, de l'avis général des salariés, la révélation a posteriori (le 19 mars) de la découverte dans l'entreprise de viande de mouton britannique prohibée en même temps que la viande de cheval a mis l'entreprise à genoux.