Décédé le 19 février 2001 à l'âge de 87 ans, Charles Trenet a bercé notre "douce France" de ses chansons poétiques pendant la moitié de sa vie. Le chanteur, né à Narbonne, a grandi entre l'Aude, l'Hérault et les Pyrénées-Orientales.
C'était un enfant du pays. Né à Narbonne en 1913 dans une jolie maison aux volets verts, c'est aussi dans la ville audoise que Charles Trenet repose depuis le 19 février 2001. À l'occasion des vingt ans de sa mort, une cérémonie hommage est organisée ce 19 février au cimetière ouest pour célébrer cet artiste, qui reste encore et toujours dans le coeur des Français.
"En tout cas, je remercie le ciel de nous donner un léger rayon de soleil pour ces 20 ans", sourit Georges El Assidi. Ce bout-en-train de 60 ans est un vieil ami du chanteur, mais aussi son ancien secrétaire particulier et son unique héritier. Des années après sa disparition, il reste toujours dévoué à l'homme qui a changé sa vie.
"Heureusement que je suis venu voir la tombe avant-hier, elle était toute marron à cause de la pluie. On a frotté et il y avait tellement d'eau sur le marbre que j'ai dit à Charles, s'il m'entend : 'J'espère que tu as pu boire assez d'eau !' ", plaisante-t-il.
Une enfance entre Narbonne, Saint-Chinian et Perpignan
Alors qu'il n'a que sept ans, les parents de Charles Trenet divorcent : le petit garçon grandit donc entre la maison de sa mère à Narbonne et la propriété de son père à Saint-Chinian, dans l'Hérault. Il est ensuite envoyé en pensionnat à Béziers avec son frère, Antoine.
L'adolescent qu'il devient s'intéresse très vite à l'écriture sous toutes ses formes. Il rejoint Perpignan et s'ouvre notamment à la poésie et au théâtre grâce à Albert Bausil, le créateur de l'hebdomadaire Le Coq Catalan.
"Perpignan était un axe culturel et intellectuel important à l'époque : on discutait, on rigolait, on était entouré de jazz, de théâtre, de mots, de poésie. Charles Trenet, tout juste ado, baignait dans ce monde culturel", explique Hugues Di Francisco, chanteur catalan, qui a à coeur de reprendre les textes de l'artiste sur scène.
D'ailleurs, Charles Trenet adorait chanter sa région : dans les paroles de ses chansons, il célèbre le clocher de Collioure, mais aussi la sardane catalane, le Canigou ou encore l'ours de Prats-de-Mollo.
Sur la route du succès
Au début des années 30, Albert Bausil le pousse à tenter sa chance à Paris. "Il lui dit : 'Ne deviens pas comme moi qui suis resté à Perpignan et qui n'ai jamais percé'", rapporte Bernard Revel, écrivain et auteur de La folle jeunesse de Charles Trenet.
Qu'à cela ne tienne, le jeune homme de 17 ans prend le train direction la capitale. Sa carrière démarre sur les chapeaux de roue : en seulement quelques années, celui qu'on appelle désormais "le fou chantant" compose ses plus grands titres (Y'a d'la joie, Je chante) et se produit sur les scènes des cabarets et des music-hall.
"Sans lui, nous serions tous experts-comptables", avait dit un jour Jacques Brel, qui admirait l'artiste. Et il n'était pas le seul : "J'ai été élevé au Trenet, comme d'autres sont élevés au lait de vache ou au lait de leur maman", s'amusait Jean Ferrat. Fan absolu, Alain Souchon ajoute quant à lui : "Je prie Trenet en son église".
Fin des années 70 : sa carrière ralentit
En 1975, Charles Trenet fait ses premiers adieux à l'Olympia à Paris. Georges El Assidi, âgé de 18 ans à l'époque, le rencontre pour la première fois quatre ans plus tard : il accompagne alors un ami qui doit rendre visite au chanteur pour obtenir une dédicace.
Je l'écoutais depuis petit et il m'a toujours plu, même bien avant de le connaître.
Une relation d'amitié naît alors entre les deux hommes. Alors que Georges El Assidi rentre de son service militaire, Charles Trenet lui propose de l'accompagner voir sa mère Marie-Louise, très malade. "Ma mère était mourante aussi à l'époque et c'est ce qui nous a rapprochés avec Charles. Marie-Louise était adorable."
À la mort de sa mère, l'artiste est très affecté : il se retire dans le sud de la France et met sa carrière entre parenthèses. Georges El Assidi reste à ses côtés pendant cette épreuve et devient son secrétaire particulier. "Mais je tiens à dire que je n'ai jamais été son amant !", souligne-t-il.
Charles Trenet revient finalement à la scène au milieu des années 80 et participe à plusieurs festivals et grands événements musicaux. Il donnera son dernier concert en 1999 à la salle Pleyel à Paris et trouvera la mort deux ans plus tard à l'hôpital de Créteil, dans le Val-de-Marne.
Vingt ans après sa mort, personne n'a oublié le talent et la poésie du "fou chantant". Les curieux peuvent d'ailleurs découvrir ou redécouvrir son univers en visitant sa maison natale à Narbonne.