Féminicide dans l’Aude : "l'auteur des faits était suivi en psychiatrie pour des troubles importants de la personnalité"

Dans la nuit du dimanche 28 au lundi 29 novembre, une femme de 35 ans a été tuée à l’arme blanche dans une propriété viticole à Portel-des-Corbières, à 15 kilomètres de Narbonne, dans l’Aude. Son conjoint de 40 ans, très agité à l’arrivée des gendarmes, avait été arrêté. Le procureur de la République de Narbonne, Éric Camous, s’est exprimé ce vendredi matin.

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Le drame s’est déroulé vers 1h30, dans la nuit de dimanche à lundi, et avait suscité un vif émoi au sein du village. Le procureur de Narbonne, Éric Camous, avait alors ouvert une enquête afin de déterminer les circonstances exactes de cet événement tragique. Ce vendredi 3 novembre à 11 heures, ce dernier est revenu sur les éléments de l’enquête lors d’une conférence de presse à Narbonne.

Trente blessures affligées par arme blanche

“Ce soir-là vers minuit, les services de gendarmerie ont d’abord été appelés pour une personne qui déambulait dans la rue et qui vociféraient des paroles qui interrogeaient sur leur cohérence, et qui surtout présentait des taches de sang manifestes sur son corps”, raconte le procureur de la République de Narbonne. Ils découvrent ensuite au sein du domicile le corps de son épouse, dans la salle à manger.

L’autopsie va révéler trente blessures affligées par arme blanche, principalement sur le haut du corps, mais aussi qu’aucune trace ne révèle d’actes de défense ou d’auto-défense de la victime, ce qui interroge sur les circonstances dans lesquelles ces coups ont été portés et dans lesquelles ce corps a été mutilé.

Éric Camous, procureur de la République de Narbonne

Selon le procureur, “il régnait dans ce logement un immense désordre”. Les gendarmes sur place vont tomber nez à nez avec très nombreux médicaments.

“Cette personne était de longue date suivie en psychiatrie pour des troubles particulièrement importants”

Lorsque son conjoint est interpellé à 2h45 du matin, il est à ce moment-là dans une autre tenue vestimentaire. 

Deux experts psychiatres vont nous apprendre que cette personne, au moment où elle a été examinée, présente manifestement des troubles de la personnalité, qui interrogent sur sa capacité à prendre la mesure de ce qui s’est passé, de ce qui a été commis.

Éric Camous, procureur de la République de Narbonne

Il a été immédiatement conduit au centre hospitalier, sous la garde de la gendarmerie nationale. Il a été placé en garde à vue, mais pour une très courte durée.

Son état personnel a révélé qu’il n’était pas compatible avec une telle mesure. Associée aux éléments rapportés par les médecins experts, cela a conduit le maire puis la préfecture à prendre un arrêté d’hospitalisation d’office de cette personne qui au moment où je vous parle est hospitalisé en milieu psychiatrique sous contrainte.

Éric Camous, procureur de la République de Narbonne

L'homme de 40 ans n’était pas connu de la justice, à part “pour des faits de violence légères en 2010 pour lesquelles un rappel à la loi a été ordonné”, affirme le procureur.

Les enfants, traumatisés, ont été pris en charge

Les enfants, présents au moment des faits, “font aujourd’hui l’objet d’un suivi par l’aide sociale à l’enfance” explique Éric Camous. Ils ont été pris en charge par des membres de la famille, “mais il s’est avéré nécessaire, compte tenu des faits, de pourvoir un placement au sein de l’aide sociale à l’enfance. Pris en charge par l’hôpital de Narbonne et le centre médico psychiatrique pour les aider au mieux dans ce moment absolument tragique”. Dès le lundi, les services de l’éducation nationale se sont mobilisés pour les deux enfants, inscrits à l’école du village et des psychologues ont été mobilisés par la direction de l’académie. L’association d’aide aux victimes s’est également mobilisée pour être auprès des enseignants.

Le couple et les enfants avaient reçu chez eux des amis avec qui ils ont mangé. Déjà, ces témoins avaient constaté de la part du père de famille des propos qui interrogeaient le couple sur son rapport à la réalité. Des témoignages qu’ils ont portés, il n’y avait pas de propos laissant entendre qu’il entendait attenter à la vie d’autrui.

Éric Camous, procureur de la République de Narbonne

Au sein de la commune, il s’agissait d’un couple à priori sans histoire. “Ce drame tragique a extrêmement troublé la communauté villageoise et plus généralement tous ceux qui connaissaient le couple et ses enfants”. Une cellule d’accueil d’informations sera mise en place auprès de la municipalité pour toute personne en exprimant la nécessité.

Une information judiciaire a été ouverte hier, des chefs d’homicide volontaire aggravé par conjoint concubin et un juge d’instruction est saisi. L'auteur des faits n'a pour l'instant pas fait l'objet d'un placement en détention provisoire "car le juge d’instruction est en attente de l’expertise qu’il a commandée sur la capacité de cette personne à recevoir une mise en examen”, termine le procureur.

Selon le baromètre du collectif féministe Nous Toutes, ce drame signe le 105ème féminicide de l'année.

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