Les cloches de l’église de Trausse-Minervois dans l’Aude retentissent à l'heure juste jour et nuit. Deux nouvelles habitantes du village s'en plaignent et demande au maire de la commune l’arrêt des cloches la nuit. La demande suscite l'incompréhension de nombreux riverains.
Dans un village vigneron au pied de la montagne Noire, les cloches de l’église Saint-Martin-de-Tours égrènent les heures depuis des années. Mais voilà, deux résidentes, installées dans le village depuis deux ans veulent que les tintements cessent la nuit. Elles habitent à proximité de l’édifice religieux et le bruit les dérange.
C’est surtout une nuisance la nuit. À 23h, à minuit, ça sonne deux coups puis toutes les heures ! Parfois, ce bruit me réveille. Au niveau des décibels, on est au-dessus de la norme.
Une habitante de Trausse MinervoisÀ l’origine la requête pour faire taire les cloches
Pour l’instant, ces habitantes de ce village de 521 âmes ont fait une simple requête auprès de la mairie. Cette demande suscite l'incompréhension de nombreux habitants interrogés par Éric Henri pour France 3 Languedoc-Roussillon. Pour Nicole, 79 ans et native du village, pas question d’arrêter le bruit qu’elle a toujours connu.
Les cloches, elles y sont, elles y restent ! Point final ! Je me demande qui veut arrêter les cloches ?
Nicole, une habitante de Trausse-Minervois
Même constat pour Jocelyne qui a rejoint le village, il y a 3 ans. Elle s’est très vite accommodée avec ce bruit de campagne : "C’est le seul son que nous avons dans le village. Le bruit des cloches est là depuis des années, ça n’a jamais gêné personne. Ça fait partie du village".
Le maire de Trausse-Minervois est lui aussi surpris par cette demande. Pour lui, les villageois sont attachés aux traditions et attaquer le tintement des cloches est une attaque au patrimoine immatériel de la commune. "Le tocsin a sonné pour les deux guerres et les émeutes viticoles de Montreton ça reste dans les mémoires". La demande des deux plaignantes sera examinée lors du prochain Conseil municipal.
Je pense que si on laisse passer ceci, après ça va être les aboiements de chiens, les machines à vendanger, les tracteurs, les poulaillers ? On a d’autres problèmes à traiter.
Jean-François Saisset, maire de Trausse-Minervois
Le maire pourrait faire appel au préfet de l'Aude pour éviter de transformer en contentieux juridique une simple querelle de clocher.
Cette affaire fait écho à celle de Saint-André-de-Valborgne. En 2018, des touristes se plaignent des nuisances sonores liées au clocher de l’église. Agacé par ces reproches, le maire a depuis installé un panneau pour mettre en garde contre les bruits ruraux à l'entrée de son village.
En France, une loi protège "les sons et odeurs" comme caractéristiques des espaces naturels. Promulguée en janvier 2021, elle vise à éviter les conflits en milieu rural autour des chants du coq ou des cigales, du bruit des cloches des églises ou autour du cou des vaches, ou encore de l'odeur du crottin de cheval.
Écrit avec Eric Henri.