Ce dimanche se déroulait la fête du coq à Saint-André-de-Valborgne dans le Gard. Un événement né après un différend avec des touristes parisiens qui s’étaient plaints au maire des bruits de la campagne. Aujourd’hui, la municipalité défend bec et ongles la ruralité, ses sons et ses odeurs.
Ils sont devenus l'emblème du village : le coq et son chant. Une fête a été donnée en leur honneur ce dimanche 6 août 2023 à Saint-André-de-Valborgne, petit village du Gard peuplé de 361 habitants.
Il y a quatre ans, devant la fontaine du village, des "touristes parisiens" s'étaient plaints au maire : "Deux personnes m'ont dit : monsieur le maire, le bruit de l’eau, les cloches qui sonnent, le coq qui chante... Tout ça nous dérange", se souvient Régis Bourrely. Seulement voilà, l'édile, grand défenseur de la ruralité, tient aux particularités de son village. Il les revendique, même.
Un panneau et une fête
Désormais à l'entrée de la commune, un panneau avertit, avec humour, les citadins de passage des risques encourus : "des clochers qui sonnent régulièrement, des coqs qui chantent très tôt, des troupeaux qui vivent à proximité..." Pas pour faire fuir les touristes, se défend le maire, bien au contraire. Mais pour les avertir qu'ils entrent dans le monde rural et que celui-ci a quelques caractéristiques que l'élu tient à préserver.
Et chaque année depuis quatre ans, une fête est organisée en l'honneur du coq, désormais emblème du village tout comme son chant. Sur les stands ce week-end, des produits du terroir : fromages et charcuterie, mais aussi des lapins, des poules et la star du jour, le coq gardois, une race créée en 2006.
Le coq gardois à l'honneur
"C’est une race de type méditerranéenne, c’est-à-dire qu’on a les oreillons blancs, une crête simple et une dominance noire", explique Jack Fountain, le secrétaire du club avicole gardois. Pour la différencier des autres races méditerranéennes, c’est sur son dos cuivré qu’il faut s’attarder, précise le spécialiste.
L'ambiance de ce marché d'antan réveille les souvenirs des plus nostalgiques : "Dans des villages des Cévennes, c’est perdu. Retrouver la basse-cour et les volailles ici, ça fait extrêmement plaisir", se réjouit un visiteur. "C’est très important parce que c’est en train de se perdre dans beaucoup d’endroits, abonde une passante. Tant qu’on peut le préserver, il faut le faire !"
Les sons et les odeurs de la campagne
Ici, l'attachement à la ruralité est une fierté, transmise de génération en génération. "C’est les traditions de la région, c’est les traditions du pays. Et puis on a des animaux, on a toujours eu des animaux depuis 3 000 ans, il n’y a pas de raison de ne pas continuer à en élever."
En France, une loi protège "les sons et odeurs" comme caractéristiques des espaces naturels. Promulguée en janvier 2021, elle vise à éviter les conflits ruraux autour du chant du coq ou des cigales, du bruit des cloches de l'église ou autour du cou des vaches, ou encore de l'odeur du crottin de cheval...
Ecrit avec Camille Astruc.