Les sapins du plateau de Sault, situé entre 990 et 1310 mètres d'altitude, dans l'Aude sont en souffrance à cause de la sécheresse. Un grand nombre d'entre eux doivent être abattus. La situation est plus grave que celle observée lors de la sécheresse de 2003. A terme, les sapins pourraient même définitivement disparaitre de certaines zones
Le manteau forestier du plateau de Sault est en train de se tâcher de rouge : l'oeuvre des insectes xylophages qui dévorent les sapins, affaiblis par la sécheresse de l'été dernier. Un phénomène naturel, accentué par la canicule.
Mais la pluie tombée au mois de mai laisse un peu d'espoir aux forestiers, car la régénérescence des sapins a débuté à certains endroits.
"On a pris 200 mm depuis le début du mois, donc ceux qui poussent sont bien en forme, ils vont pouvoir s’en sortir", explique Mario Staincq, technicien de l'ONF.
Les arbres endommagés, eux, vont être transformés en bois d'oeuvre ou en plaquette à brûler.
Un massif meurtri
Mais, à d'autres endroits, la forêt est en piteux état : le nombre de sapins tués par la sécheresse sur le plateau dépasse largement les 50 000.
Difficilement accessible, la moitié seulement de ces arbres morts pourra être exploitée.
Il y a des zones où le sapin est en train de disparaître. Depuis 2003, on constate qu'il ya des zones où il a disparu et où il ne se réinstalle pas. Donc avec ce nouveau coup de chaud de 2022, il va complètement disparaître de certains endroits.
Dominique Micaud, Responsable ONF de l'unité territoriale du plateau de Sault
Un changement amorcé de longue date
Les sapins, déjà absents des versants sud plus exposés, s'effacent désormais graduellement des cotés est et ouest du plateau de Sault.
Selon Michel Vennetier, ingénieur forestier et chercheur à l’Institut national de recherche en sciences et technologies, "la sécheresse d'été est la principale contrainte sur la croissance du sapin, ce qui explique son ralentissement (dans l'Aude, entre autres,ndlr) depuis vingt ans. Le sapin exigeant une forte humidité relative de l’air, des coupes trop fortes dans le passé, suite aux premiers dépérissements, ont parfois accentué le phénomène sur le moyen terme."
Dans cette petite zone naturelle de l'Aude, la sécheresse laissera des plaies béantes. Le sapin, victime du réchauffement climatique, recule sans espoir de retour.
Ecrit avec Eric Henry.