Les plaidoiries des parties civiles se sont succédé aujourd'hui, parmi lesquelles des sociétés (Tavola) qui ont fabriqué des plats cuisinés pour des grandes enseignes et les grandes enseignes elles-mêmes : Carrefour, Findus, Picard…Picard, dont l’avocat a ouvert les hostilités.
Sur les 9 avocats qui se serrent sur les bancs des parties civiles d’une salle d’audience aussi glaciale qu’un camion frigorifique, Michel Ayache est est le premier à ouvrir les hostilités.
Il défend la société Picard Surgelés. De la viande de cheval provenant de la société Spanghero s’est retrouvée dans ses lasagnes. Lorsque le scandale a éclaté, Picard a du retirer toutes ses préparations à base de viande de bœuf de ses 882 magasins à travers toute la France.
Préjudice considérable
Dans une plaidoierie implacable, l’avocat détaille le préjudice « considérable » de cette affaire sur la grande distribution, l’industrie de la viande et qui a réveillé des peurs collectives chez le consommateur.
Pour lui Johannes Fasen et Jacques Poujol sont les instigateurs de la fraude. Selon l'avocat, ils ont sciemment organisé la fraude et trompé les consommateurs, pour l’appât du gain, des arguments souvent repris par ses confrères de la partie civile.
"Quant à Patrice Monguillon ( l’ancien directeur du site de Castelnaudary) poursuit l'avocat, rien ne le choque, pas même de voir du métal ou du plastique dans la viande !!!
ironise l’avocat.« On passe de l’espèce chevaline à la viande bovine, et lui, « il a d’autres chats à fouetter »,
Confiance tahie
Les avocats de la filère bovine ont a leur tour abordé l’impact du scandale sur la confiance des consommateurs.
Me Philippe Dubos a évoqué la plus grande catastrophe de ces dernières années pour la filière. L’avocat a détaillé la manière comment selon lui :
Une perte de confiance et des conséquences sur l’image des marques de plats cuisinés reprise par les avocats de Carrefour, Findus…« Poujol et son équipe ont créé ce marasme en mentant sur la traçabilité des produits et ainsi trahi la confiance des consommateurs.
L’impact de l’affaire sur l’emploi
Ce scandale a eu des conséquences catastrophiques sur l’emploi dans l’Aude.
"Appelé pour sauver l’entreprise Spanghero « à tout prix », Jacques Poujol, par ses pratiques a provoqué le licenciement de 219 personnes au sein de Spanghero", a tonné Me Gilles Biver, avocat du liquidateur de Lur Berri.
Deux autres sociétés, celles qui fournissaient des plats cuisinés (Tavola et Comigel), ne s’en sont pas relevées et ont mis la clé sous la porte. "En deux mois, leur chiffre d’affaires est passé de 10 millions d’euros à 6 millions, puis à 4 millions".
En tout les parties civiles réclament entre 30 et 40 millions d'euros de dommages et intérêts à l'encontre des quatre prévenus.
Et le consommateur ?
Concluant les plaidoieries de la partie civile, Me Frety ( UFC Que choisir), a regretté l'ambiance joyeuse de ce procès "Certes, il n'y a pas mort d'homme" a souri l'avocat, mais dans cette tromperie on a souvent oublié le consommateur et tout mis en oeuvre pour lui faire avaler n'importe quoi".
Le procès reprend demain à 13h30 avec les réquisitions. Il se terminera mercredi avec les plaidoieries de la défense.