Les employés de Spanghero se sont vus interdire, lundi matin, l'accès aux locaux de la société, à Castelnaudary dans l'Aude. Le repreneur, Laurent Spanghero, indique que l'entreprise est fermée, en l'état, tout en appelant à la patience, a-t-on appris de sources concordantes.
"Ce matin, les salariés se sont présentés sur le site et Laurent Spanghero a interdit l'accès des locaux du personnel", a expliqué Jean Aparicio, délégué FO, contacté par l'AFP.
"Nous sommes donc sur le parking et nous allons faire venir un huissier pour le faire constater", a-t-il ajouté.
Un cadre de l'entreprise, Christophe Giry, a confirmé cette information: "je suis arrivé ce matin, j'ai voulu entrer, il y avait des vigiles devant la porte qui m'ont signifié que je n'avais pas le droit de rentrer".
"C'est honteux. Il n'y a que deux salariés protégés qui, sous notre pression, ont été autorisés à entrer", a-t-il ajouté.
Laurent Spanghero, contacté par l'AFP, a tenu à minimiser l'incident, expliquant que l'entreprise était de fait à l'arrêt et qu'il n'y avait donc pas de travail pour le moment.
"Il ne se passe rien du tout. L'usine est fermée et donc les salariés n'ont rien à faire dedans", a-t-il déclaré.
"Je n'ai pas encore de nouvelles de l'administrateur judiciaire et j'attends qu'il me dise qui va être conservé et qui va être licencié. Je pense que j'en saurai plus demain ou mercredi", a-t-il ajouté.
Sur décision du tribunal de commerce de Carcassonne vendredi, Laurent Spanghero a repris l'entreprise en perdition à cause du scandale de la viande de cheval.
Laurent Spanghero s'est engagé à reprendre 90 des 230 emplois pendant au moins deux ans
Il revient à l'administrateur judiciaire de désigner les 90 salariés qui seront sauvés, en fonction des besoins du repreneur et de critères d'ancienneté et de qualification. Cette liste devrait être établie d'ici la fin de la semaine, a-t-on appris de source proche du dossier.
Des représentants du Pôle emploi sont attendus mardi sur le site pour expliquer aux futurs licenciés les démarches à suivre.
Spanghero, dont l'activité réduite faisait travailler une cinquantaine de personnes ces dernières semaines, est à l'arrêt depuis la semaine dernière et la fin d'un contrat du géant allemand de la distribution Lidl.
Vendredi, lors d'une visite aux salariés après la décision du tribunal, Laurent Spanghero, co-fondateur de la société en 1970 avant de la céder en 2009 à la coopérative basque Lur Berri, n'avait pas caché l'ampleur des difficultés à venir.
Le projet de Laurent Spanghero mise sur la reprise des deux activités viandes et plats cuisinés de l'entreprise, qui s'appellerait dorénavant "Saveurs occitanes", rompant ainsi avec un nom désormais discrédité. M. Spanghero a fait état de nouveaux contacts avec Lidl et avec Casino.
Dans son offre, il s'est engagé avec ses deux partenaires financiers à "ne pas céder les actifs pendant 5 ans et à garder le personnel repris au moins pendant deux ans".
Durement éprouvés par cinq mois de descente aux enfers, les salariés avaient accueilli la nouvelle de la reprise dans un mélange de soulagement et de scepticisme, certains doutant de la viabilité du projet de Laurent Spanghero.