Trois ans après jour pour jour, Trèbes (Aude) se souvient de l'attaque terroriste qui a coutée la vie à 4 personnes, dont le lieutenant-colonnel Arnaud Beltrame. Hommages et témoignages se succèdent toute la journée. Les rescapés tentent de se reconstruire.
Dix heures ce matin, 3 ans après le terrible attentat de Trèbes, les gendarmes de Carcassonne se souviennent du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame qui a été assassiné après avoir pris la place d'une otage dans le Super U du petit village de l'Aude. Minute de silence, dépot de gerbe, hommages et émotion.
Le geste du colonel Arnaud Beltrame participe à notre mémoire collective. Le souvenir de son dévouement nourrit aujourd'hui notre volonté et guide notre action contre ceux qui défient notre démocratie. Ce moment de recueillement est fondamental. Grâce au courage d'un homme, cet attentat porteur de haine et de mort, est également une leçon de vie.
Le 23 mars 2018, un homme de 25 ans, Radouane Lakdim, ouvre le feu une première fois à Carcassonne sur un habitant de Villedubert âgé de 61 ans. A ce moment-là, assis à la place passager dans une voiture, Jean Mazières décède. Au volant, son collègue, Renato Silva, est blessé.
Un peu plus tard, le terroriste entre dans le magasin Super U à Trèbes et abat successivement Christian Medves, le chef du rayon boucherie, puis Hervé Sosna, un client situé à la caisse du magasin.
Une heure plus tard, le lieutenant-colonnel de la gendarmerie, Arnaud Beltrame, prend la place d'une otage dans la salle des coffres du supermarché. L'assaut du GIGN est donné en début d'après-midi. Les tireurs d'élite abattent Radouane Lakdim. Le lieutenant-colonnel Beltrame a été grièvement blessé par le terroriste et meurt le lendemain, le 24 mars 2018.
Trois ans déjà, #ArnaudBeltrame. Tu me manques frangin! pic.twitter.com/co85Nhc2Sy
— Cedric Beltrame (@CedricBeltrame) March 23, 2021
La lente reconstruction des victimes
Trois ans après, les rescapés se souviennent. Parmi eux, Christian Guibert, un ancien policier, déjà à la retraite lors de l’attentat, était dans le magasin avec sa femme et sa belle-sœur. Il a mis à l’abri plusieurs personnes, a participé à l’évacuation, et s’est retrouvé face à face avec le terroriste qui a essayé de lui tirer dessus, mais son arme était enrayée. Christian Guibert s’est fait tatouer une étoile sur l’avant-bras droit et la date des attentats, symbole de « sa bonne étoile ce jour-là ». C’est son seul tatouage.
Ce tatouage fait partie intégrante de moi. Même sans tatouage, il y a des choses qui nous le rappellent sans cesse. On n' oublie pas. Quand je vais faire des courses, quand je rentre dans un grand magasin et que je vois une grande allée, il y a une certaine appréhension. J'en arrive à surveiller les gens, à regarder plus en profondeur leurs comportements alors qu'avant je ne regardais pas de cette manière. Ce n'est plus pareil. C'est un après. Mais il faut regarder de l'avant...
Autre rescapé de l'attaque meurtrière, Denis Vial qui était seul dans le Super U, après avoir emmené sa mère se faire couper les cheveux à Trèbes.
C'est toujours vivant. Lorsque l'on a vécu ce type de traumatisme, on y pense toujours. Le jour anniversaire, c'est encore plus sensible, mais on y pense tout le temps. On évite les mouvements de foule, on évite de se retrouver trop nombreux dans des situations extérieures. Il y a quand même un après. J'ai mis longtemps avant de rentrer dans un supermarché, je suis revenu au Super U à Trèbes un an après....pas avant. Quand je vais au supermarché, je regarde toujours s'il y a une sortie pas loin , même de secours....
Trois ans après, 75 parties civiles attendent la date du procès de huit personnes complices supposées du terroriste.