"C’est un peu la nuit" : seules, six personne âgées face à l'isolement après la liquidation judiciaire de leur résidence sénior

Le 8 septembre 2023, l'association qui gérait la résidence sénior Beausoleil de Salles-Curan dans l'Aveyron était placée en liquidation judiciaire. Il n'y reste que six résidents désormais bien seuls.

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Pour ce 1er novembre, un pot de chrysanthèmes est déposé sous un mot accroché à la porte : "A notre association défunte". Tout un symbole que ce dépôt de quelques fleurs devant l’entrée de la résidence Beau Soleil de Salles-Curan, dans l’Aveyron, en ce jour de la Toussaint. Le 8 septembre dernier, l’association qui gérait cet établissement a été placée en liquidation judiciaire suite à des difficultés de trésorerie.

Un coup de massue pour les résidents et leurs familles. Car sans cette association, plus de soins ni de repas pris en commun pour les vingt habitants de la résidence senior "Beau Soleil". Plus de chants qui résonnent non plus, ni de goûter en commun, pour ces Aveyronnais. Les activités ne sont plus animées. Du jour au lendemain, les résidents âgés de 75 à 95 ans ont appris qu’ils allaient devoir faire sans, ou partir loger ailleurs. Et vite : tous ces services, essentiels, n’étant plus assurés à compter du 14 octobre 2023.

Désormais, seules six personnes habitent encore dans la résidence, les plus autonomes. Les autres ont dû trouver une place en Ehpad, parfois à plusieurs dizaines de kilomètres de leur ancien domicile, à Millau, Baraqueville, Rivière-sur-Tarn…

Quatre anciens membres de l’association qui orchestrait les soins et les animations de la résidence senior de la commune de Salles-Curan ont décidé de venir les visiter en ce 1e novembre. Tous ne pouvaient que constater le peu de vie qu’il reste dans ces murs.

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"Avant c’était convivial, il y avait une présence, il y avait de la vie. Maintenant c’est morose, c’est terne, c’est triste ; et ils s’en plaignent beaucoup" déplore Patrick Verdié, le fils de l’un des résident, debout près de l’entrée de la résidence.

"C’est un peu la nuit"

Lucette Favre a 89 ans et encore des mains habiles pour faire du crochet et faire réchauffer son repas. Elle est restée vivre à Salles-Curan. Mais l’atmosphère n’a plus grand-chose à voir avec avant. "C’est un peu la nuit. Avant, on se groupait, on parlait, maintenant on sort il n’y a plus personne dehors, c’est un peu la solitude", déplore-t-elle, avant d’ajouter : "M’enfin quand même les 4 ou 5 que nous sommes on s’entend bien, on se voit le plus possible".

Son fils, Alain confirme : "Ils formaient une grande famille. Tout le monde s’entendait. Ils prenaient leurs repas en commun. Tandis que là, chacun est chez soi, les repas sont pris séparés, il n’y a plus la dynamique qu’il y avait quand ils étaient tous ensemble, ça n’a plus rien à voir". Un élan de solidarité à tout même permis qu’un restaurant livre désormais les repas. Le conseil départemental a sollicité l’ADMR afin de trouver du personnel pour aider ceux qui en ont besoin à manger, faire leur ménage. Mais pour combien de temps ?

Bernadette Soulié, elle, fait partie de ceux qui ont dû quitter la résidence, à contre-cœur. Elle a été accueillie dans l’Ephad Le Relays à Broquiès et ne peut retenir ses larmes à l’évocation de ses anciens colocataires. "Ils sont à gauche, à droite, il y en a à Saint-Affrique, à Pont-de-Salars… Je ne les verrai plus. C’est fini maintenant ! Tout ça c’est comme si c’était mes frères et sœurs. Et je les verrai plus, je vais mourir ici", s’exclament-elles les yeux plein de larmes. Sa fille, Catherine Héraud, peine à la consoler.

Débrouille et kilomètres

"Elle a perdu ses amis, elle a perdu les personnes qui l'entouraient depuis des années. Et puis il y aussi le coût financier qui n’est pas le même. A Salles-Curan, elle arrivait avec sa retraite à payer tout ce qu’il avait à payer, sauf qu’ici forcément ce n’est pas le même coût…" souligne-t-elle. Mais il a bien fallu parer au plus pressé, et s’assurer que sa mère pourrait bénéficier des soins dont elle a besoin. "On a paré au plus urgent et bon le financier, il faudra se débrouiller pour trouver des solutions", ajoute Catherine. Pour financer les visites aussi, il faudra se débrouiller. Il lui faut aujourd’hui parcourir une centaine de kilomètres aller-retour à chaque fois qu’elle veut aller voir sa maman, contre une soixantaine auparavant. Cela fait beaucoup. Mais il n’y a pas le choix.

S’adapter, encore et toujours. Heureusement, Bernadette, voit le positif, elle s'est sentie très bien accueillie dans son nouveau logement, et loue le dévouement du personnel "qui s'occupe d'elle comme d'un proche". Quant à sa famille de cœur, ses anciens colocataires, elle pourra peut-être bientôt leur parler en visio.

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