Mercredi 8 mars, les syndicats opposés à la réforme des retraites ont bloqué le péage du Viaduc du Millau (Aveyron). Cinq personnes ont été blessées au cours d’une intervention des forces de l’ordre pour déloger les manifestants. En réponse, une plainte va être déposée par la Confédération paysanne.
Ni sa minerve, ni ses agrafes chirurgicales qui referment les plaies sur son crâne ne l’ont dissuadé. Ce mercredi 15 mars, pour cette huitième journée de manifestation contre la réforme des retraites, Christophe Roqueirol a bel et bien manifesté dans les rues de Rodez. “Je fais simplement un peu plus attention”, confie le militant de la Confédération paysanne.
Pourtant, il y a tout juste une semaine, cet éleveur installé de longue date en Aveyron a été blessé au cours d’une opération menée par la gendarmerie. Les forces de l’ordre sont intervenues pour déloger les grévistes qui tentaient de bloquer le péage du Viaduc de Millau, dans le cadre d’une opération de péage gratuit.
Dès le début de l’opération, une violente confrontation a éclaté entre les gendarmes et les grévistes. Bilan pour le syndicaliste : 10 jours d’ITT, un traumatisme crânien, des plaies à la tête et quelques bleus. “Mais pas de fractures, ni de séquelles donc ça va”, résume Christophe Roqueirol.
Cinq manifestants blessés
Ce même mercredi 8 mars, quatre autres personnes venues manifester au côté de Christophe Roqueirol ont été blessées. Parmi elles, des grévistes de la Confédération paysanne et deux militantes non syndiquées. Une situation inédite pour celui qui manifeste régulièrement depuis plus de 40 ans.
Alors, Christophe Roqueirol est de ceux qui vont saisir la justice dans les prochains jours. “Dès le lendemain de la manifestation, on a décidé de porter plainte collectivement. On a décidé tous ensemble qu’on ne pouvait pas laisser passer ça”, explique-t-il.
Un maintien de l’ordre jugé disproportionné
À la Confédération paysanne de l'Aveyron, qui va se constituer partie civile, on constate aussi que le maintien de l’ordre du 8 mars a été “injustifié” voire “disproportionné”. “On n’a fait aucune obstruction, on n’a eu aucune sommation. On menait une action pacifiste et ça a été très violent”, raconte Sébastien Persec. Pour le porte-parole de la Confédération paysanne aveyronnaise, porter plainte, “c’est surtout pour demander que ça ne recommence pas”.
Et Christophe Roqueirol assure qu’une action en justice doit permettre avant tout “de s’expliquer”. “On a besoin de se dire des choses. Gendarmes, militants, éleveurs, on se connaît tous ici. Et on n’a pas compris pourquoi ils ont été aussi violents. Peut-être qu’ils ont reçu des ordres”, tente Christophe Roqueirol.
Dans ce dossier, un avocat du barreau de Toulouse a été choisi pour représenter la Confédération paysanne. Il s’agit de Me Julien Brel, du cabinet Dialektik avocats AARPI.