ENTRETIEN. "Je n'ai jamais vu autant de violence", 10 jours d'ITT pour le militant immobilisé par les gendarmes à Millau

Ils avaient opté pour une opération péage gratuit, mercredi 8 mars, contre la réforme des retraites. Finalement, les manifestants ont été délogés par les gendarmes. Trois membres de la Confédération paysanne ont été bloqués. Christian Roqueirol, touché à la tête et au poignet, s'est vu prescrire dix jours d'ITT. Entretien.

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Masque sous le nez, minerve au cou et manteau rouge en main, Christian Roqueirol quitte les urgences de Millau. Mercredi 8 mars, au matin, il était à la barrière de péage du Viaduc de Millau avec ses camarades de la Confédération paysanne de l'Aveyron. En guise de protestation contre la réforme des retraites, ces derniers avaient décidé d'ouvrir les barrières pour une opération "péage gratuit".

Figure de la Confédération paysanne et des luttes du Larzac, Christian Roqueirol a terminé sa journée aux urgences. Blessé au cou et au poignet, comme deux de ses camarades, après une intervention des gendarmes pour stopper la fronde, il se réserve le droit de porter plainte.

France 3 Occitanie : comment vous sentez-vous au moment de quitter l'hôpital ? 

Christian Roqueirol : Je suis choqué. J'ai des douleurs, partout. J'ai une minerve parce que j'ai été bien bousculé. Je me sens aussi en colère parce que rien n'a justifié cette violence. Rien. Il n'y a eu aucune violence de notre part, juste de la détermination à mener cette action péage gratuit. On pense que si on veut avoir les gens avec nous il faut qu'on les aide à passer ce moment d'inflation. Le péage gratuit, c'est dix euros d'économisés. On pense qu'Eiffage peut faire cet effort. 

France 3 Occitanie : vous vous souvenez de ce qu'il s'est passé et de votre chute ? 

Christian Roqueirol : J'ai ressenti un grand coup derrière la tête. J'ai cru que l'on m'avait donné un coup mais en fait on m'a dit que j'avais été bousculé très violement. Je n'ai pas vu venir le gendarme qui m'a bousculé et je suis tombé comme une masse. Heureusement, je suis tombé d'abord sur le dos, j'ai mal aux épaules d'ailleurs, puis ma tête a tapé le sol. J'ai saigné un peu et je repars avec cinq agrafes. On m'a fait un scanner et il n'y avait rien à signaler. Puis j'ai mal au poignet gauche mais je n'ai pas de fractures.

France 3 Occitanie : contrairement à vos deux camarades, vous n'êtes pas allé en garde à vue.

Christian Roqueirol : J'ai dix jours d'ITT. Je pense d'ailleurs que c'est pour cela que je ne suis pas allé en garde à vue, mais je devrais y avoir droit un jour, ou au moins un interrogatoire. Les gendarmes sont venus à mon chevet, aux urgences, pour prendre mon identité. 

France 3 Occitanie : avez-vous des nouvelles de vos deux camarades placés en garde à vue ? 

Christian Roqueirol : Les deux autres personnes sont en garde à vue, elles ont toutes les deux été blessées aussi. Francis n'a pas voulu aller à l'hôpital. Quand j'ai essayé d'aller à son secours, c'est à ce moment-là que j'ai été violenté, j'ai vu qu'il saignait de la bouche et du nez. On lui frappait la tête sur le goudron. Je n'ai jamais vu cette violence par les gendarmes locaux, je n'en reviens pas. Il n'y a que les gilets jaunes qui connaissent cette violence-là, mais nous, à la conf' (Confédération paysanne), on n'avait jamais vu ça.

France 3 Occitanie : allez-vous porter plainte ?

Christian Roqueirol : Personnellement, j'ai envie de porter plainte mais je vais me concerter avec mes collègues et avec le syndicat pour qu'on organise cela de manière collective. 

Tous propos recueillis par Lara Dolan et Philippe Hoarau.

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