La ville de Millau, dans l'Aveyron, accueille pour la première fois un tournoi de béhourd en duel samedi 30 et dimanche 31 octobre. Un sport de combat d'inspiration médiéval, spectaculaire, et encore peu connu.
Trente-cinq kilos d'armure sur le dos, heaume en acier enfoncé sur le crâne, épée en joue. Le duel peut commencer.
Non, vous n'êtes pas devant le dernier film médiéval à la mode. D'ailleurs, pas la peine d'aller au cinéma pour voir des chevaliers s'affronter. Car, ce week-end, ils seront dans l'Aveyron.
La ville de Millau accueille pour la première fois le tournoi national de béhourd, le samedi 30 et dimanche 31 octobre 2021. Intitulé le Lion d'acier, le tournoi verra s'affronter une vingtaine de combattants en armure, femmes et hommes, à la salle des fêtes du parc de la Victoire. Si ce sport peut se pratiquer en équipe, ce week-end, il n'y aura que des duels.
Un sport de combat complet
Le béhourd est un "combat sportif médiéval", explique Vincent Balissat. "Il s'inspire des activités que les chevaliers pouvaient avoir, notamment aux XIVe et XVe siècles". Pour plus de vraisemblance et de crédibilité, les armures et les armes sont façonnées sur la base de sources historiques.
Il ne faut pas pour autant confondre le béhourd avec une reconstitution d'époque : c'est un sport de combat, qui "reste une activité moderne, qui n'est pas restreinte à la technique historique", continue le directeur de la Salle d'Armes École Ancienne (SAEA) Rodez-Millau, club de béhourd et d'escrime ancienne qui organise le Lion d'acier.
Même s'il y a un lien avec la culture médiévale, c'est un exercice sportif très exigeant. On est vraiment sur la recherche du geste martial.
Vincent Balissat, directeur de la SAEA Rodez-Millauà France 3 Occitanie
Cette pratique est un mélange de boxe, de lutte et d'escrime. Gestion du stress, de la posture et de l'énergie, cardio (il ne faut pas oublier que l'armure pèse lourd !). "À l'heure actuelle, le béhourd est le sport de combat le plus complet qui existe", abonde Vincent Balissat.
Pas de panique : les armures (déjà très résistantes) sont complétées avec des protections modernes, les armes ne sont pas tranchantes et leur bout est arrondi. "Ce n'est pas un sport risqué, bien au contraire", assure Vincent Balissat : "Il ne consiste qu'à toucher les parties protégées".
Une pratique qui se professionnalise
Le béhourd est né dans les pays de l'Est de l'Europe, dans les années 2000. En France, le sport a vraiment pris un tournant en 2010. "Nous sommes dans une phase de professionnalisation", se réjouit Vincent Balissat, qui note que la pratique se démocratise. "Le béhourd est un monde en perpétuelle mutation".
À la SAEA Rodez-Millau, ils sont aujourd'hui une trentaine d'Aveyronnais à pratiquer régulièrement le béhourd. Vincent Balissat s'estime satisfait : le club n'a, après tout, que deux ans. À Paris, la "maison mère qui a pris ses racines en 2007", ils sont près de 200 "chevaliers".
Ce qui plaît aux adeptes du béhourd ? "Cette période de l'histoire, l'imaginaire attachée à la chevalerie, mais aussi les spécificités qu'on ne retrouve pas dans des sports de combat aujourd'hui", énumère le directeur de la SAEA Rodez-Millau. "Quand ils entrent dans le béhourd, ils ne s'aperçoivent pas qu'ils font un sport très demandeur psychologiquement et physiquement. C'est une façon très ludique d'aborder le sport". Quant à Vincent Balissat, psycho-praticien et éducateur sportif Sport Santé de 46 ans, il est tombé dans la marmite médiévale très jeune. "J'ai vu le Moyen-âge et ses inspirations fantastiques grandir avec moi". Puis, sa passion pour l'art martial a achevé de le convaincre.
En Europe, il y a une vieille tradition des arts martiaux asiatiques. Alors, quand j'ai eu l'opportunité de pratiquer un art martial européen, je me suis dit qu'il y avait tout autant d'intérêt. Et je me suis fait aspirer.
Vincent Balissat, directeur de la SAEA Rodez-Millauà France 3 Occitanie
Ce tournoi du Lion d'acier, dont l'entrée est libre et gratuite, est aussi une nouvelle opportunité de sortir le béhourd de sa confidentialité. Des exposants et des initiations à la pratique sont prévus. L'occasion de plonger, le temps d'un week-end, 600 ans en arrière.