Pesticides, frelons, dérèglement climatique, les abeilles ne sont pas à la fête. Cette année, la récolte s'annonce médiocre en Aveyron, comme partout. La faute à un printemps pluvieux.
Les années se suivent et ne se ressemblent pas. En tout cas au niveau climatique, car côté récoltes, la production de miel est ces dernières années en berne. Dans l'Aveyron, les apiculteurs constatent une fois de plus des couvains peu remplis et doivent s'adapter.
Les méfaits du temps
L'an dernier, la sécheresse avait sévi l'été, mais le printemps avait été bon. Cette année, c'est l'inverse. Du côté de Vaureilles, Gisèle Onno ne peut que constater une fois de plus que ses ruches ne sont pas très garnies. "Le printemps a été tellement pluvieux qu’elles n’ont pas pu sortir. Elles sont un peu sorties au départ, ont emmagasiné des réserves qu’elles ont ensuite consommées dans la deuxième partie. Je n’ai pas fait de récolte au printemps. Mais, l'été devrait être mieux, il y a beaucoup de fleurs, de ronces, des châtaigniers et des tilleuls en fleurs."
Un printemps bien arrosé a entraîné une chute de 30% en moyenne de la récolte pour le millier d'apiculteurs aveyronnais. Dans le sud Aveyron, beaucoup sont aussi touchés par la pyrale du buis. Les papillons déposent une odeur sur les fleurs et les abeilles n’y vont plus. Sans compter un début de sécheresse qui handicape les abeilles et la flore.
Les apiculteurs (et donc les abeilles) sont un peu les météorologues de la vie. Ils sont aux premières loges de tout phénomène qui survient. À discuter avec un apiculteur, on apprend toujours des choses passionnantes.
Gisèle Onno était cadre dans le milieu bancaire. Depuis 2020, elle fabrique des cadres... pour que les abeilles puissent pondre et déposer le miel. Elle nous explique pourquoi la pluie est un élément perturbateur.
"Avec la pluie, les abeilles ne sortent pas, car elles se guident avec le soleil. C'est aussi le moment où elles sont nombreuses, passent de 10.000 à 40.000 l’été. Si elles ne sortent pas, elles doivent consommer les réserves qui sont faites. Quand il pleut, le nectar est détrempé, devient trop humide, le pollen a été rincé. Même s’il se met à faire soleil, la qualité est moins bonne."
Même constat du côté de Druelle (Aveyron) proche de Rodez. Christophe Lacroix est apiculteur depuis 15 ans. Il fait partie de l'association Les Zhappy 12. "Elles ont du mal. C’est difficile. Il y a peu de nectar, il ne remonte pas dans les plantes, dans les fleurs. Quand il n'y a pas assez d’eau, il n'y a pas de nectar. À l'inverse, trop d’eau lave les fleurs et le nectar est trop humide et moins bon. Nous avons des orages quasi quotidiens depuis plus d’un mois. Nous avons eu de bonnes floraisons en mai, mais les récoltes ne seront pas bonnes."
Heureusement, l'apiculture est un complément pour Christophe Lacroix qui travaille à la Bosch. Mais, il est passé de 25 ruches à une petite dizaine actuellement.
S'adapter en permanence
Avec le dérèglement climatique, les températures montent et descendent très vite. Ce qui complique la vie des abeilles et le travail des apiculteurs.
Gisèle Onno comme ses confrères et consœurs doivent s'adapter. Elle fabrique des nouveaux cadres avec de la cire pour ses ruches qu'elle prend soin de protéger du soleil. "L’an dernier des cadres de cire des ruches ont fondu, du jamais vu. On essaie de trouver des isolants. J’essaie de trouver des ruchers plus à l’ombre."
La production de miel est en chute depuis plusieurs années en Occitanie, première région de production. Il y avait, début 2020, 200.000 ruches dans notre région qui réalisent 28% de la production en France.
L’élément climatique est un élément de plus prépondérant qui vient contrarier les abeilles et les apiculteurs. Les fleurs sont à la base de la production du miel. Avec le manque d'eau, c'est toute la chaîne de production qui est compromise. L'abeille est capable de s'adapter, mais c'est plus compliqué pour la végétation et... pour l'Homme.
"S’il fait trop chaud, le châtaigner ne va pas tenir, car c'est un arbre plus dédié à la montagne. On perd de la biodiversité dans nos régions", clame Christophe Lacroix. Et, de poursuivre : "Il y a beaucoup de catastrophes pour les abeilles et le changement climatique vient rajouter encore une couche. Déjà on va être en carence de nourriture, derrière, on va avoir le frelon asiatique, on a un cocktail magique pour que les ruches ne passent pas l’hiver."
Reste la solution coûteuse et compliquée de transhumer. Mais pour aller où ?