Après l'attaque et la tentative de séquestration d'un surveillant pénitentiaire à la maison d'arrêt de Druelle à Rodez (Aveyron) en février dernier, les deux prisonniers ont été condamnés à 3 ans et 2 ans d'emprisonnement.
Des peines de trois ans et deux ans de prison ferme ont été prononcées à l'encontre de deux détenus de la maison d'arrêt de Druelle, à Rodez, pour avoir attaqué et tenté de prendre en otage un surveillant pénitentiaire. L'audience s'est déroulée ce jeudi 5 mai au tribunal de Rodez, après avoir été reportée une première fois le 15 avril dernier, l'un des deux prisonniers n'étant pas présent physiquement. Suite à l'agression, ce dernier a été transféré à la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, dans l'Hérault. Son co-détenu est lui désormais incarcéré à Montauban, dans le Tarn-et-Garonne.
Le surveillant toujours en arrêt maladie
Les faits remontent au 7 février dernier. Un surveillant pénitentiaire entre dans une cellule pour régler un problème lié à la télévision des deux occupants. Ces derniers en profitent pour l'agresser avec un couteau artisanal fabriqué à l'aide d'une lame de rasoir et d'une brosse à dent et tente de le séquestrer. Le surveillant parvient à alerter ses collègues, qui lui viennent aussitôt en aide. Le détenu armé écope de trois ans d'emprisonnement et son binôme deux ans.
Ce jugement est important pour mon client pour pouvoir passer à autre chose;
Me Bruce Flavier, avocat de la victime
"Il a été très perturbé psychologiquement par cette agression car il ne s'y attendait pas et que ça aurait pu bien plus mal se terminer", réagit Me Bruce Flavier, l'avocat de la victime.
La victime reste, à l'heure actuelle, toujours en arrêt maladie.
Cinq et trois ans de prison étaient requis
Même s'il se satisfait de voir les deux prévenus écoper d'une peine d'emprisonnement, Me Bruce Flavier regrette qu'aucune explication n'ait été donnée "quant à la motivation des actes des deux agresseurs".
Durant l'audience, aucun des deux prisonniers n'avoue sa responsabilité dans cette attaque : chacun s'accuse réciproquement d'en avoir été à l'initiative, alors qu'une vidéo captée par les caméra de vidéosurveillance est diffusée. On voit entrer le surveillant dans la cellule, puis un des détenus s'enfuir et le second sortir en tenant par le bras le surveillant. Ce dernier finit par se libérer et par enfermer le prisonnier.
L'avocat de la partie civile dénonce alors "la lâcheté et le mensonge" des deux prévenus. Tous deux sont de nationalité roumaine, ils étaient incarcérés depuis quelques mois à la maison d'arrêt de Rodez en détention provisoire : l'un pour meurtre, l'autre pour proxénétisme aggravé.
Ici, des violences volontaires sur personne dépositaire de l'autorité publique avec circonstances aggravantes (guet-apens et usage d'une arme) leur sont reprochées.
Le procureur avait requis cinq ans d'emprisonnement, dont un avec sursis pour le détenu détenteur de l'arme. Trois ans de prison dont un avec sursis sont requis pour le second prisonnier, qui, selon le témoignage de la victime, l'aurait saisi en premier.
Une dizaine de surveillants rassemblés devant le tribunal
Peu avant le début de l'audience, une dizaine de surveillants pénitentiaires s'étaient donnés rendez-vous pour manifester leur soutien à leur collègue agressé.
Cette agression, c'est du jamais-vu à la maison d'arrêt de Rodez. Nous attendons une sanction exemplaire pour dissuader d'autres détenus de passer à l’acte.
Sarah, secrétaire locale adjointe FO à la prison de Rodez
Les syndicats des membres du personnel de la maison d'arrêt de Druelle ont également pointer du doigt la surpopulation carcérale de l'établissement qui nuit selon eux à leurs conditions de travail. Selon l'observatoire international des prisons, la maison d'arrêt de Rodez compte 81 cellules et 89 places opérationnelles. Au 1e janvier 2022, 149 personnes y sont détenues, soit une densité carcérale de plus de 167 %.