Depuis plus de quarante ans, il œuvre pour une agriculture plus respectueuse des sols. Il a élaboré un procédé de fertilisation basé sur l’action de micro-organismes (orties, lichens, extraits de plantes,…) Un livre retrace aujourd’hui son parcours.
C’est l’histoire d’un petit garçon qui au lieu de grimper dans les arbres restait à leur pied pour observer la terre. Plus tard, berger, il continuait à la contempler. Cette terre Marcel Mezy en a fait la matière première de sa vie. Tout commence dans les années soixante lorsqu’il devient représentant des produits Lemaire, un des fondateurs de l’agriculture biologique en France.
Premiers tests dans les champs
Marcel Mezy réalise alors ses premiers mélanges de composts puis ensemence son premier champ d’essai grandeur nature. « A l’époque, c’était plus simple, il n’y avait que six éléments alors qu’aujourd’hui ce sont seize plantes et huit arbres différents qui entrent dans la composition du produit » relate Patrick Le Roux dans son livre.
Puis au début des années 80, quelques pionniers aveyronnais adoptent le procédé de compost dans leurs propres champs. La différence est flagrante par rapport à ceux traités chimiquement. Même en période de sécheresse, les maïs par exemple, poussent contrairement « à celui des voisins boursouflé d’azote et qui est vert comme un poireau ».
Traité de "vendeur de poudre de perlimpinpin"
Le procédé Mezy s’applique aussi aux fumiers et rend alors les bergeries plus saines, moins vectrices de maladies. Celui qu’on qualifiait de « vendeur de poudre de perlimpinpin » commence à être regardé différemment. Son fils, Christophe, qui a fait des études de commerces rejoint en 1993 la toute jeune Sobac.
« 90% des agriculteurs veulent travailler proprement, ils ne veulent pas détruire la planète. Mais il faut la force mentale pour s’extraire du système » Christophe Mézy
Mais sa technologie, le paysan chercheur aveyronnais doit désormais la faire valider et développer scientifiquement. Erwan Allain premier ingénieur embauché par Marcel Mézy va lancer le processus. En 2015, Mezy rencontre Pierre-Marie Blanquet dans un hall d’aéroport. Avec le conseiller général, ils discutent des projets en cours notamment la création de son propre laboratoire de recherche.
Son propre laboratoire
L’homme politique lui explique que sa fille Pauline est justement spécialisée dans l’interaction des plantes et des micro-organismes. Cette dernière qui vient de valider sa thèse et a travaillé pour l’INRA signe finalement chez Mézy. Elle sera rapidement rejointe par la petite-fille de l’inventeur, Chloé Pizzuto, elle aussi ingénieure en biologie.
« Schématiquement, si vous mettez de l’engrais sur un caillou, au bout d’un moment, ça fait un trou. Si vous y mettez des micro-organismes, dans le même temps ça fait une bosse parce qu’il se crée de la matière » Marcel Mezy
Aujourd’hui le procédé ainsi développé et qui continue à progresser est vendu partout à travers le monde. « Les chambres d’agriculture étaient tout à fait contre moi pendant vingt ans. Aujourd’hui, elles voient ce que nous faisons, donc elles sont obligées de venir de notre côté. Mais le lycée agricole de l’Aveyron nous envoie des stagiaires dans notre labo depuis que nous l’avons monté » nous confiait le désormais octogénaire dans un « Dimanche en Politique » spécial agriculture de demain. Son savoir-faire désormais transmis aux futurs agriculteurs, Marcel Mezy peut dire que son combat est gagné.
A lire : « Marcel Mézy, l’homme qui redonne vie à la terre » de Patrick Le Roux, éditions du Rouergue.
A revoir : « Dimanche en Politique » Spécial agriculture du 7 mars