Laguiole dans l'Aveyron organisait, ce vendredi, en partenariat avec les services de Douanes, une destruction de plusieurs centaines de pièces automobiles de contrefaçon. Le but de cette opération médiatique est de sensibiliser les consommateurs à ce fléau qui dépasse les frontières françaises.
Ils étaient plusieurs dizaines de visiteurs, d'élus, d'experts et de douaniers, ce vendredi, à l'Office du tourisme de Laguiole, dans l'Aveyron. Tous sont venus détruire les centaines de pièces automobiles de contrefaçon saisis par les douanes. Car si les vêtements et accessoires, souvent de luxe, sont en haut de la liste des objets les plus soumis à la contrefaçon, le secteur de l'automobile est lui aussi très touché par ce phénomène. Un phénomène dangereux pour la sécurité routière.
Michel Laurent, expert de la contrefaçon pour l'entreprise automobile Renault, le constate tous les jours : "La semaine dernière par exemple, j'étais à Strasbourg, nous avons expertisé plus de 400 fausses pièces automobiles." Capots, phares, rétroviseurs, clés de voiture sont les objets les plus soumis à la contrefaçon d'après ce chasseur de contrefaçon. "C'est un véritable problème aujourd'hui et très répandu sur Internet notamment.", explique-t-il.
Dans ce secteur, au moins 10% des pièces de réchange produites dans les monde sont des contrefaçons.
En 2020, 5 millions d'objets de contrefaçon ont été saisis par les douanes en France
Ce vendredi, Michel Laurent a donc amené des fausses pièces automobiles pour être détruites : "nous voulons sensibiliser les consommateurs à la contrefaçon. Car dans le secteur de l'automobile, les fausses pièces sont très nombreuses. Cela peut être très dangereux pour les automobilistes. Les fausses pièces ne sont pas expertisées et pas soumises aux tests comme peuvent l'être les pièces d'origine."
Philippe Maslie-Latapie, chef du Pôle Action Economique des douanes de Toulouse, confirme, lui aussi, que la contrefaçon est "un phénomène toujours important en France." "En 2020, 5 millions d'objets ont été saisis, c'est 20% de plus que par rapport à 2019. Toutes les régions sont touchées et cela augmente chaque année."
Les secteurs les plus touchés restent ceux de l'habillement, les jouets et les équipements électroniques. Si les phénomènes de contrefaçon viennent souvent d'Asie, l'Europe est aussi touchée, comme l'explique Philippe Maslie-Latapie : "nous avons des ateliers clandestins en Europe et en France. C'est un fléau très difficile à enrayer, car les réseaux souvent mafieux sont très bien organisés et savent se dissimuler."
Aujourd'hui, on constate un phénomène plus important de contrefaçon dans le fret postal. Les entreprises sont aussi touchées par la contrefaçon. Les PME, par exemple, peuvent être victimes d'une spoiliation de leur brevet, copié à l'étranger.
Une exposition pour ouvrir "l'oeil" sur la contrefaçon
Après la destruction des objets, les visiteurs pourront continuer à découvrir le phénomène de la contrefaçon en flânant dans les allées de l'exposition "Ouvrons l'oeil, gare aux faux" qui a lieu également à l'Office du tourisme de Laguiole à partir de ce vendredi jusqu'au 30 juillet. Plusieurs dizaines d'objets, des pièces automobiles, aux robots de cuisine, à l'horlogerie, sont exposés.
Gérard Winter, commissaire de l'exposition organise depuis plus de 15 ans ce genre d'événement : "aujourd'hui tous les objets de la manufacture sont copiés. C'est un manque à gagner terrible pour un pays. Si le consommateur est averti, il n'achètera pas. Nous voulons sensibiliser le public, cela reste un risque pour la santé et la sécurité des consommateurs."
Nous organisons cette exposition pour que les vacanciers présents à Laguiole puissent venir mesurer la teneur du problème qu'est la contrefaçon
La ville de Laguiole, producteur des célèbres couteaux, n'échappe pas, elle aussi, à ce phénomène de contrefaçon. Non protégés à l'origine par un dépôt de brevet, les copies des couteaux de Laguiole ne sont pas considérées comme de la contrefaçon et ne peuvent pas être retirées du marché. Un problème qui pourrait être résolu prochainement : "nous avons fait une demande pour obtenir une indication géographique, ce qui permettra de distinguer les faux des vrais couteaux", explique Honoré Durand, artisan et fervent défenseur du couteau de Laguiole.
"Nous avons exposé des faux et des vrais couteaux Laguiole, pour que le public puisse voir la différence entre les deux. L'important c'est d'avoir l'information."
L'exposition se déroule du 9 au 30 juillet à l'Office du tourisme de Laguiole du lundi au samedi de 9h30 à 13h et de 14h à 19h et le dimanche de 10h à 12h et de 14h à 17h.