La SPA de Rodez a déposé plainte contre un agriculteur du département. L’éleveur avait enfermé ses bêtes dans une étable et cessé de les alimenter. Il est responsable de la mort d’une vingtaine de vaches et de cochons.
L’agriculteur, propriétaire d’une exploitation dans le hameau de Saint-Julien de Malmont à Conques-en-Rouergue (Aveyron), n’avait laissé ni eau, ni nourriture accessibles dans l’étable. Vingt vaches et cochons y ont perdu la vie après une lente agonie.
Le directeur de la SPA de Rodez, Jean-Pierre Blanc, a annoncé avoir porté plainte dans la matinée à la gendarmerie de Marcillac-Vallon. Une enquête sera menée pour "mauvais traitements et actes de cruauté envers les animaux".
Des maltraitances signalées, sans réaction
Sur le dépôt de plainte, Jean-Pierre Blanc précise avoir été informé de la situation par des témoins – qui avaient déjà signalé les mauvais traitements dont ces animaux semblaient victimes à la mairie de Conques-en-Rouergue. Mais la municipalité n’aurait, semble-t-il, pas réagi.
"Lorsque l’on est informé de cas comme celui-ci, on intervient rapidement. Je ne mets pas en cause le maire, mais la municipalité. Il aurait à minima fallu vérifier ou alerter les autorités compétentes", estime Jean-Pierre Blanc.
Le maire de Conques, Michel Lefebvre, a été alerté de la situation dimanche matin. "Nous ne comprenons pas ce qui a pu se passer. Des vaches dans les prés étaient en bon état sanitaire, celles dans l'étable, mortes ou mourantes.
Il avait quelques soucis financiers mais je n'ai jamais imaginé que cela pourrait aboutir à un drame comme celui-ci. Je m'inquiète également pour l'état de santé de l'agriculteur qui est très choqué.
Le reste du troupeau devrait être évacué ces jours-ci par la Direction des Services Vétérinaires. D'ici là, l'agriculteur a pris l'engagement de nourrir les animaux.
"La SPA n’attaque ni les éleveurs, ni le monde agricole", précise le directeur du refuge. "Beaucoup de progrès et d'efforts ont été faits concernant le bien-être animal dans le milieu de l’élevage. Mais lorsqu’un cas comme celui-ci est signalé et condamné, les syndicats de paysans devraient se poser la question : faudrait-il, par exemple, faire intervenir un technicien agricole de façon régulière dans les élevages de l’Aveyron ?"
Un acte délibéré ?
Des problèmes financiers ou une situation de détresse psychologique pourraient-ils expliquer le comportement de l’agriculteur ? "Je me suis posé ces questions", précise Jean-Pierre Blanc, "mais il n'est apparemment pas concerné par ces problèmes et ça n’explique pas ce geste-là. Il aurait pu ouvrir l’étable pour laisser paître ses animaux, il fait beau et il y a de la verdure."
Il aurait pu ouvrir l’étable pour laisser paître ses animaux, il fait beau et il y a de la verdure.
Plus étrange encore, l’éleveur, propriétaire de chiens, a continué de s’en occuper normalement – et les services vétérinaires ont pris la décision de lui en laisser la garde. Avoir cessé de nourrir ses vaches et cochons était "un acte délibéré" pour Jean-Pierre Blanc, qui précise tout de même qu’il se rangera "du côté de l’enquête de gendarmerie qui prouvera qu’il y a eu, ou pas, une intention de nuire à ces animaux, ou qu’il y a eu une faille à un autre niveau."
Hier, l’Assemblée nationale a officiellement adopté une loi visant à lutter contre la maltraitance animale, durcissant notamment les sanctions contre les sévices ou les abandons. En 2019, la SPA a mené à elle seule plus de 14 500 enquêtes concernant des actes de cruauté et de mauvais traitements envers des animaux, soit 30% de plus qu’en 2018.