Dans les petites communes des zones rurales, les cafés, les restaurants sont souvent des lieux d'échanges privilégiés pour les habitants. Alors que ces établissements attendent toujours le feu vert des autorités pour rouvrir, après le confinement lié au coronavirus, le système D se met en place.
Depuis la mi-mai, Célia Glandières traverse le village de Sainte-Eulalie-de-Cernon, avec à la main des paniers-repas. Pour Joseph, pour Gaby, pour Dédou...
Ces personnes âgées, qui habitent le petit village aveyronnais, ont leurs habitudes à l'auberge. Une cantine pour elles, un lieu en tout cas où l'on se retrouve, aussi bien pour manger que pour discuter.
Mais depuis le confinement lié à l'épidémie de coronavirus qui sévit en France, elles sont privées de cet espace convivial. Et comme aucune date n'a encore été avancée pour la réouverture des restaurants du département, l'attente devient interminable.
"Les personnes âgées, ça leur permet de passer deux heures avec du monde", explique Célia Glandières, de l'auberge. "Là, confinées chez elles, sans voir personne, c'est un peu compliqué".
C'est un peu notre famille, à force de les voir tout le temps
Dédou est l'une de ces "fidèles". Et la fermeture de son point de ralliement lui pèse. "J'ai des amis là-bas, des copains. Et ça me manque", soupire-t-elle. "Et puis, rester ici, toute seule, pfff..."Depuis la mi-mai, date du déconfinement de la population (mais pas des restaurants), l'auberge la Cardabelle a décidé de se donner un peu d'air. Elle cuisine des repas vendus à emporter ou livrés. Jusqu'à une trentaine par jour. "Avec le déconfinement, on s'est dit que ça libèrerait un peu les gens", explique Emilie Viala, aux fourneaux, "que ça serait plus simple pour eux et pour nous aussi".
Et puis, c'est une transition avant l'organisation "d'après", celle où l'on va devoir cuisiner, servir, dans le strict respect des règles sanitaires propres à l'épidémie. Des conditions que Jules Viala, le patron de l'auberge, a du mal à imaginer. "Si on doit aller voir les personnes avec un plateau, ils mangent, ils s'en vont, je trouve ce côté-là un peu compliqué", reconnaît-il. "C'est pareil : si on doit travailler avec un masque... S'il faut le faire, on le fera, on essaiera de le faire mais ..."Cela donne un nouvel élan après cette période un peu catastrophique pour tout le monde
moi, je n'ai pas cette vision-là du restaurant et du café, surtout dans des villages de campagne comme Sainte-Eulalie...
La reprise de l'activité, on le voit, suscite beaucoup d'interrogations. Quand ? Dans quelles conditions ? Cela sera-t-il comme dans les grandes villes ? Des questions encore sans réponses précises...
Voir le reportage de Mathilde de Flamesnil et Régis de Dequeker, de France 3 Occitanie :