Découverte d'un louveteau, effarouchement de l'ours : l'Office français de la biodiversité (OFB) d'Occitanie fait le point

Un louveteau a-t-il bien été retrouvé mort dans le Larzac ? L'effarouchement des ours est-il une bonne solution ? Des dossiers sensibles dont s'occupe l'Office français de la biodiversité d'Occitanie (OFB). Son directeur adjoint fait le point pour nous.

Le collectif L113 a annoncé le 19 juillet dernier qu'un louveteau d’environ trois mois avait été retrouvé mort dans le Larzac. Il aurait été ramené par un patou dans une ferme et, selon des éleveurs, sa présence attesterait celle d'une meute dans le Sud-Aveyron. Sur ce sujet comme sur la polémique autour de l'effarouchement des ours, nous avons demandé à Louis-Gérard d'Escrienne, directeur-adjoint de l'OFB Occitanie, de faire le point.

France 3 Occitanie : est-ce que l'OFB confirme la présence d'un louveteau et donc qu'il existe une meute de loups dans le Sud-Aveyron ?

Louis-Gérard d'Escrienne, directeur-adjoint de l'OFB Occitanie : Non, nous n'avons pas encore reçu les analyses génétiques qui peuvent confirmer qu'il s'agit d'un louveteau. Les résultats mettent plusieurs semaines à revenir donc nous sommes actuellement dans l'attente.

Nous avons une quarantaine de pièges photo disposés dans la zone où le "louveteau" a été découvert. Pour l'instant, on n'a rien. La semaine prochaine, nous procédons à des tests nocturnes avec des hurlements provoqués. Si une meute répond, on pourra affirmer qu'elle existe.

On ne dit jamais qu'il n'y a pas de loups. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on ne cherche ni à infirmer, ni à confirmer. On se base sur des faits. Quand on dit que la meute est là, on est sûr qu'il y en a une. C'est difficile pour nos agents sur le terrain d'être mis en cause. On ne se base pas sur des hypothèses, il nous faut des preuves.

France 3 Occitanie : il y a une probabilité selon vous ?

Louis-Gérard d'Escrienne, directeur-adjoint de l'OFB Occitanie : c'est possible qu'il y ait une meute. On a annoncé qu'on avait repéré deux traces génétiques de femelles. Comme il y a déjà des mâles, il est possible qu'ils se soient rassemblés. On s'y attend. Mais le problème, c'est que si les analyses révèlent que la bête retrouvée morte est un chiot et non un loup, on nous dira que ce n'est pas vrai.

C'est ça qui est un peu compliqué. J'ai travaillé dans l'agriculture, je comprends la détresse de certains, l'agacement d'autres. Mais par exemple, quand des éleveurs ont apporté trois veaux à la préfecture et ont dit qu'ils avaient été tués par un vautour, c'est irrationnel. Un vautour ne s'attaque pas à un veau de trois mois. A la limite, à la naissance si il est en détresse. Les vautours peuvent avoir un comportement qui ressemble à une attaque mais n'ont pas d'"armes" pour tuer. Ce n'est pas un prédateur mais un charognard.

Mais on a eu des épisodes de maladie du charbon dans l'Aveyron et il est possible que ce soit ça plutôt, voire un autre prédateur : loups, chiens... d'où l'intérêt d'effectuer des constats le plus tôt possible après la mort. C'est un peu compliqué parce que quand on a affaire aux représentants agricoles, ça se passe bien, mais parfois avec les éleveurs, le message ne passe pas et on les laisse s'énerver alors que nous ne défendons aucune cause.

Les agents de terrain de l'OFB vivent mal d'être accusés de faire des choses qu'ils n'ont pas faites et qu'il ne leur serait jamais venu à l'esprit de faire. En résumé, on envisage très fortement le fait qu'il y ait une meute mais on n'en a pas la preuve. Il y avait peut-être une meute avec un seul louveteau et il est mort (ça arrive avec les chiens). C'est plein d'incertitude

Les analyses vont nous permettre de savoir si c'est un loup et si c'est le cas, s'il est apparenté à l'une des femelles dont on a déjà des traces génétiques ou s'il est la progéniture d'une autre louve. C'est aussi l'intérêt de ces analyses.

France 3 Occitanie : Concernant l'ours, l'effarouchement fait polémique. Qu'en pensez-vous ?

Louis-Gérard d'Escrienne, directeur-adjoint de l'OFB Occitanie : des tas de gens nous font des procès d'intention depuis cet arrêté du 21 juin qui pérennise les mesures d'effarouchement. On essaie en fait d'appliquer ce qui se fait dans des pays où l'ours est présent et où ça se passe bien.

On fait un effarouchement dont l'objectif est aversif, c'est-à-dire que si l'ours est effarouché, s'il reçoit des balles en plastique, il ne revient pas. Il va ailleurs et considère que le mouton, c'est quelque chose qui fait mal. C'est identique pour les détonations provoquées par des pétards à 50 mètres. Elles leur font peur.

Les associations de protection des animaux attaquent cet arrêté qui n'a d'autre but que d'éviter les dégâts pour les éleveurs et de permettre que l'ours soit mieux accepté par la population locale. On n'est pas là pour les blesser ou les tuer. Au contraire, ça évite que d'autres le fassent avec de vraies balles.

On montre aussi aux agriculteurs qu'on les aide, qu'on fait quelque chose d'utile pour pérenniser leur activité. En tous cas, c'est ce qu'on essaie de faire.

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