Bruno Leleu, conseiller régional RN d'Occitanie est mis en cause pour harcèlement sexuel et moral par une ancienne salariée de son entreprise Iso d‘Oc. Il comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Rodez en janvier prochain.
Bruno Leleu, conseiller régional RN, d'Occitanie, est mis en cause pour harcèlement sexuel et moral par une ancienne salariée de son entreprise. Il devra s'expliquer devant le tribunal correctionnel de Rodez (Aveyron) en janvier prochain.
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L'élu de Decazeville nie les faits en bloc. Il estime que toute cette affaire se résume à un règlement de compte lié à ses responsabilités en tant que patron d'Iso d'Oc. "J'ai eu un mouvement de grève chez moi en avril 2022, juste avant les législatives. Ce qui était bien placé et qui avait été fait de l'intérieur (...). Ils m'ont foutu un bordel pas possible. Résultat des courses, pas de Prud'hommes mais j'ai eu deux contrôles fiscaux, un personnel et un au niveau de l'entreprise (...). Cette dame voulait en plus qu'on lui modifie son contrat de travail, chose qui n'a pas été faite donc on a ça maintenant sur le cul".
Le conseiller régional dit "avoir le tribunal serein". Parlant de son ancienne salariée, il explique :
A mes yeux, ça veut récupérer un billet parce que ça ne l'a pas récupéré par le domaine de l'inspection du travail. Ça reste amer...
Bruno Leleu, conseiller régional RN
"Au niveau de la société, j'ai sorti pas mal de monde. J'en ai sorti une quinzaine suite à leur petite grève et donc on en arrive là" poursuit-il. Des représailles donc selon lui.
Bruno Leleu justifie, en effet, la plainte pour harcèlement sexuel et moral par le fait qu'il n'aurait pas reconduit le contrat de la salariée suite à cette grève. Il dit n'avoir pas le souvenir de lui avoir fait des avances. A nos confrères de La Dépêche il mentionne "de la dragouille".
"Je travaille dans le bâtiment vous savez, c'est un milieu grivois, on ne lui a pas sauté dessus, excusez-moi d'être un peu grivois... justifie-t-il. On ne lui pas mis la main au cul, rien du tout"
"C'est la nouvelle mode"
Il avance que ce n'est pas la première fois que la plaignante "accuse des gens". "C'est la nouvelle mode (...). Aujourd'hui quand on veut faire chier du monde, le harcèlement, c'est tellement simple. C'est comme pour les salariés, c'est le burn-out, ça veut dire que derrière, c'est parole contre parole".
C'est d'ailleurs en vertu de ce principe que Bruno Leleu n'a pas été poursuivi pour des accusations de harcèlement sexuel et moral par le passé. En 2014, une autre femme qu'on nommera Laëtitia pour préserver son anonymat, dit avoir subi ses assauts et en être restée très marquée.
Laëtitia explique l'avoir rencontré lors d'une campagne électorale. Elle cherchait un emploi. C'était en 2014. Il lui a proposé, dit-elle, une formation de téléopératrice à Lyon à laquelle il l'a accompagnée car elle n'avait pas de véhicule.
"Il a été très vicieux avec moi"
"A l'époque il était commercial et le siège de son entreprise était basé à Lyon. Il m'a proposé de m'emmener là-bas parce qu'il savait que je n'avais pas les moyens financiers de me déplacer afin que je fasse cette formation et que je puisse travailler à mon domicile par la suite".
"Il a été très vicieux avec moi. On est parti. Sur le chemin il m'a bien montré qu'il avait loué deux chambres dans un hôtel. Donc il me montre deux chambres distinctes donc pour moi, pas besoin de me méfier".
"En arrivant à l'hôtel, poursuit-elle, il me dit "attends moi, je vais chercher les clés". Il revient et me dit "par contre on a un problème, il n'y a qu'une chambre avec un grand lit". Là étant seule dans une ville qu'on ne connaît pas, sans argent spécialement, qu'est-ce que je fais ? Je n'ai pas le choix, je reste. (...) Je lui ai fait confiance".
Une jeune femme fragile
"Il n'a pas attendu la nuit. Dès qu'on est allé se coucher, il a tout tenté. Heureusement pour moi j'avais un pyjama entier et j'ai dormi avec un peignoir en plus. Ça ne l'a pas empêché d'essayer, de me toucher.(...) À chaque fois, je lui ai dit : non ! Non ! Il n'y a pas moyen.(...) Il a fini par partir dans la salle de bains finir de faire ce qu'il avait à faire en tant qu'homme".
Par la suite, Laëtitia a parlé à des proches. Elle dit avoir mis du temps pour trouver le courage de porter plainte afin que d'autres femmes ne subissent pas un tel face à face traumatisant. Mais sa plainte a été classée sans suite. Parole contre parole. Un manque de preuves pour la justice. Elle espère aujourd'hui que son témoignage sera porté au dossier. Elle mentionne qu'elle a essayé de convaincre d'autres femmes se disant victimes à l'époque de faire comme elle. En vain.
"C'est une jeune femme très mignonne et très fragile, explique une ancienne cadre du RN. Nous, ça nous avait choqué à l'époque qu'il essaie d'abuser d'une jeune femme fragile comme ça. Il lui a fait miroiter du travail pour pouvoir lui proposer de l'emmener à l'hôtel-restaurant vous voyez. Ça montre la mesure du personnage".
La femme qui a porté plainte cette fois-ci n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations, son avocat non plus. Ils réservent pour la justice le récit des faits qu'elle reproche à Bruno Leleu et ne souhaitent pas débuter un quelconque procès par médias interposés. Le procès aura lieu devant le tribunal correctionnel le 31 janvier prochain.