De retour à la Maison blanche, Donald Trump a déclaré vouloir taxer les produits étrangers arrivant sur le marché américain. Les États-Unis constituent une part non négligeable des exportations d'Armagnac, de vin et autres produits issus de l'industrie. En Occitanie, des producteurs sont sur le qui-vive.
Après la Chine, les États-Unis. Les producteurs français d'Armagnac voient s'accumuler les menaces commerciales au fil des mois. Surtaxer leurs exportations, c'est risquer de perdre de considérables parts de marché. "C'est extrêmement compliqué de pouvoir faire du commerce avec des droits de douane à 20 ou encore 40% comme en Chine", assure Olivier Goujon, le directeur du Bureau national interprofessionnel de l'Armagnac. Alors, autant vous dire que les déclarations de Donald Trump sont surveillées de très près.
Les producteurs d'Armagnac privé d'un deuxième marché ?
La Chine et les États-Unis sont les deux principaux marchés à l'export des producteurs français d'Armagnac. Le premier, c'est le marché américain qui représente 15 à 20% des exportations, précise Olivier Goujon. Or, au lendemain de son investiture, Donald Trump a de nouveau fait planer la menace d'une guerre commerciale avec l'Union européenne avec l'éventuelle hausse des droits de douane. Une nouvelle porte qui se ferme ? Le directeur du Bureau national interprofessionnel de l'Armagnac avoue une réelle inquiétude.
"Il n'y a plus rien qui part de nos opérateurs d'Armagnac vers la Chine avec les 40% de taxes supplémentaires, nous dit Olivier Goujon. C'est un marché qui est au point mort aujourd'hui et le marché américain risque fortement de le devenir."
L'augmentation des droits de douane, c'est la perte de marché, tout simplement. C'est le principe de ne plus pouvoir commercer. Ou de le faire avec des produits qui seraient distribués 20% plus cher auprès du consommateur.
Olivier Goujon, directeur du Bureau national interprofessionnel de l'Armagnac
Une surtaxe imposée par Donald Trump. Philippe Teulier a déjà vécu cet épisode, lors du premier mandat du président des États-Unis. À l'époque, pour faire face, "on a baissé nos prix, en rognant sur nos marges, de manière à répartir cette taxe de 25% avec notre partenaire là-bas, de façon que ce soit acceptable pour le client", explique le président des vins de l'Aveyron. Aujourd'hui, le producteur est dans l'expectative.
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Comment l'Aveyron pourrait tirer son épingle du jeu
À Savignac, dans l'Aveyron, Bastien Marre, lui, affiche une certaine confiance. Le directeur général délégué de Pattyn France, une entreprise spécialisée dans la fourniture de machines de conditionnement pour des produits de boulangerie et viennoiserie, explique être sur un "secteur de niche". Un savoir-faire dont les Américains ont besoin pour répondre à la demande sur leur marché.
"On ne craint pas les augmentations du fait de notre positionnement sur un marché très particulier qui est en pleine automatisation aux États-Unis et qui effectivement fait appel essentiellement à des acteurs européens permettant leur développement", estime Bastien Marre.
Le département de l'Aveyron affiche une particularité. Son solde de commerce extérieur est positif avec près d'un milliard de marchandises exportées dans le monde. "L'Aveyron a des savoir-faire très diversifiés. On ne met pas tous les œufs dans le même panier. On a beaucoup de produits sur différents pays, explique le conseiller au commerce extérieur à la CCI d'Occitanie, Christophe Palous. Je ne pense pas qu'il y ait lieu de s'affoler pour l'instant, mais restons vigilants."
Wait and see. Simple coup de pression ou Donald Trump mettra-t-il sa menace à exécution ? En Occitanie, les producteurs sont sur le qui-vive et misent sur les négociations diplomatiques pour éviter la crise.
(Propos recueillis par Geoffrey Berg, Nathalie Rougeau et Clément Alet)