"L'incendie a finalement eu un impact modéré", un responsable de la DREAL se veut rassurant 7 semaines après le sinistre.

Les analyses se multiplient après l'incendie de l'usine de batteries à Viviez en Aveyron. Les riverains sont toujours aussi inquiets. Face à eux des services de l'Etat, qui se veulent rassurants. On fait le point avec le responsable de la direction régionale de l'environnement en Aveyron.

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Sept semaines après le terrible incendie, qui a ravagé un centre de stockage de batteries au lithium à Viviez en Aveyron, et provoqué une forte pollution dans deux communes avoisinantes, les rapports d'analyses se multiplient. Plus de 1 000 mesures ont déjà été effectuées. L'occasion de faire le point avec Frédéric Berly, le responsable aveyronnais à la DREAL, la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement.

France 3 Occitanie : Frédéric Berly, Quelles conclusions peut-on tirer des résultats d'analyses publiés ?

Frédéric Berly : Depuis l'incendie qui est survenu le 17 février, il y a eu beaucoup d'analyses qui ont été faites. À ce stade, nous disposons de plus de 1 000 analyses. Certaines ont été faites par l'Observatoire régional de la qualité de l'air l'ATMO, intervenu entre le 17 et le et le 20 février. Et puis nous avons également mobilisé un laboratoire qui s'appelle l'APAVE dans le cadre d'une disposition spécifique à certains sites industriels. L'APAVE était sur place dès le samedi le 17 février en fin d'après-midi. En priorité, d'abord pour effectuer une série de mesures sur la qualité de l'air, pour que le préfet puisse prendre des décisions de confinement ou de déconfinement des riverains immédiats. Depuis il y a d'autres analyses qui ont été faites dans les sols, dans les eaux superficielles, dans les eaux souterraines et dans les végétaux. Les dernières ont eu lieu la semaine suivant l'incendie.

Ce qui ressort de toutes ces analyses, c'est que globalement, on a une situation qui ne prête pas à inquiétude. On assiste, soit on a un retour à la situation d'avant incendie, qu'on a pu constater assez rapidement, concernant la qualité de l'air et les eaux superficielles, soit à une situation qui reste admissible compte tenu de l'impact qu'a pu avoir l'incendie.

Et on poursuit un certain nombre d'analyses que ce soit sur les végétaux, dans les sols ou dans les eaux superficielles puisqu'on a constaté quelques anomalies. Anomalies dont les spécialistes nous disent aujourd'hui qu'elles sont en grande partie dues à un fond géochimique un peu spécifique sur le bassin de Viviez en raison de ses activités industrielles par le pass".

France 3 Occitanie : Cela signifie que les sols, déjà pollués avant l'incendie peuvent fausser les analyses ?

F.B : Ces sites industriels ont généré un certain nombre de matériaux qu'on retrouve aujourd'hui dans les sols, on peut citer le zinc le plomb, l'arsenic le cadmium. Nous savons depuis longtemps que les sols sont un peu chargés avec toutes ces substances. Par conséquent, au-delà de ces substances, on a également cherché des substances spécifiquement liées à un incendie de batterie, ce qu'on appelle la signature chimique. On a fait faire des mesures supplémentaires sur notamment le lithium puisqu’une partie des batteries qui ont été incendiées étaient des batteries au lithium. On a donc retrouvé sans surprise du lithium dans les eaux d'extinction mais on a retrouvé très très peu de lithium dans les sols, les végétaux et dans les eaux superficielles ou souterraines.

Le Cadmium, lui, était déjà présent en grande quantité dans la zone donc nous n'avons pas pu en tirer beaucoup d'enseignements. En tout cas, ce cadmium n'était pas présent à des niveaux qui nécessitent la mise en place de mesures particulières. Si on prend les différentes substances dont on peut considérer qu'elles sont constitutives d'un incendie de batterie, on retrouve beaucoup de choses. On retrouve effectivement du lithium parce que c'était des batteries au lithium. On retrouve du manganèse. On retrouve du Zinc, parce que la toiture en comprenait. Pour le Cadmium, on a juste découvert des lingots, qui étaient dans le bâtiment incendié et on les a retrouvés en bon état. C'est normal qu'après un incendie, il y ait un certain nombre de ces substances. Toute la problématique est maintenant de savoir si on est revenu à la situation d'avant l'incendie est dans quel délai ? La réponse est aujourd'hui oui pour la plupart des substances.

France 3 Occitanie : Quel serait le message que vous souhaiteriez aujourd'hui adresser aux populations riveraines ?

F.B : Il faut qu'ils sachent qu'on a mis en place une surveillance comme cela n'a jamais été fait après un incendie de cette ampleur. Cette surveillance, continue et les résultats dont on dispose à ce jour montrent qu'il n'y a presque pas de liens directs entre ce que l'on trouve dans les analyses et les émissions dues à l'incendie. Sur la question des risques sanitaires, il y a une surveillance, qui a été mise en place par l'Agence Régionale de Santé et par Santé Publique France. Cette surveillance sanitaire se poursuit. Elle est basée sur quoi ? Elle est basée sur le fait que les professionnels de santé ont été mis en alerte, afin qu'ils puissent signaler les cas de patients qui développeraient des pathologies en lien direct avec un incendie de cette nature.


Les services d'urgences restent également en alerte. Après, on attend les toutes dernières mesures, qui sont en cours pour pouvoir dire que la situation est revenue complètement à la normale et que l'incendie a finalement eu un impact extrêmement modéré.

France 3 Occitanie : Dans un avenir proche, ce site va être dépollué. Quel va être le rôle de l'État ?

F.B : Ce site a fait l'objet d'un arrêté préfectoral d'urgence qui a été pris dès le lundi 19 février. On a fixé à l'industriel un certain nombre de mesures à commencer par l'arrêt des activités sur ce site. Jusqu'à nouvel ordre, il n'y aura donc plus d'activités.

Ensuite nous mènerons deux actions d'envergure. Elles concernent la totalité des déchets qui ont été produits par l'incendie. Ils vont progressivement être réintégrés sur le site voisin de la SNAM pour être recyclés puisque dans les déchets de l'incendie, on retrouve toutes les substances qu'on avait initialement dans les batteries. Ensuite, les eaux d'extinction, qui doivent être évacuées puis envoyé vers des sites pour les retraiter, car les eaux d'extinction sont considérées comme des déchets dangereux.

Après analyse, effectivement il va y avoir une dépollution du site. Il y a des investigations qui sont en cours pour savoir s'il y a eu pollution ou pas par infiltration des eaux d'extinction. Les premiers éléments dont on dispose nous montrent qu'a priori, non. Dans les eaux souterraines, sous le site, nous avons plusieurs piézomètres qui étaient déjà en service et les premières analyses concluent qu'il n'y a pas de signaux qui laissent à penser, qu'on a une pollution des sols mais ça reste à confirmer avec les analyses à venir.

L'ensemble et le détail des rapports sont consultables sur le site de la Préfecture de l'Aveyron.

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