Le gouvernement a présenté ce lundi 18 septembre à Lyon les grandes lignes de son « plan loup » 2024-2029, censé faciliter l'abattage des animaux. Une orientation qui scandalise notamment l'association Ferus. Sandrine Andrieux, sa porte-parole nous explique pourquoi il faut craindre le pire selon elle.
C'était une réunion à huis clos sur un sujet très sensible. Comment gérer la cohabitation entre le loup et le pastoralisme ?
Représentants du monde agricole, élus, chasseurs, administrations et associations de protection de la nature étaient donc réunis le lundi 18 septembre 2023 pour découvrir les mesures annoncées par le gouvernement sur la gestion de ce prédateur.
Le nouveau "plan loup" pour la période 2024-2029 "tire le bilan que le loup n'est plus en danger d'extinction, mais qu'en revanche, il y a un danger réel de disparition du pastoralisme", a expliqué une source gouvernementale.
Les mesures du plan incluent l'utilisation de matériel de vision nocturne par les éleveurs pour prévenir et gérer les attaques de loups. Il prévoit également une refonte du système de comptage des loups et un quota d'abattage de loups pour l'année en cours.
Une position qui a fait bondir les associations de protection des animaux. Elles ont quitté la réunion. Sandrine Andrieux, porte-parole de l'association FERUS nous explique pourquoi, selon elle, les nouvelles orientations de ce plan loup 2023-2024 mettent en danger la survie de l'espèce.
France 3 Occitanie : Selon l'Office français de la biodiversité, on recense actuellement 1.104 loups dans en France contre 906 les années précédentes. Dans le même temps, les attaques ont augmenté. Pourquoi ne pensez-vous pas qu'il est temps de procéder à un "rééquilibrage" comme le souhaite le gouvernement ?
Sandrine Andrieux : "En réalité, selon les scientifiques, la progression des populations de loup est quasi-nulle. En effet, on dit que le loup est présent sur 50 départements. C'est vrai, mais ce sont les mêmes individus qui se déplacent. Il n'y a pas assez de reproductions. Il faudrait plus de 500 mâles reproducteurs pour s'assurer qu'il n'y ait pas d'extinction de l'espèce.
D'autre part, les mêmes scientifiques ont alerté sur le nombre de tirs autorisés en France. Ils sont passés de 12% en 2017 à 19% en 2022. Ça n'est tout de même pas anodin. Les scientifiques ne sont pas assez écoutés. En revanche, les lobbys agricoles, eux ont l'oreille du gouvernement."
France 3 Occitanie : il n'en demeure pas moins que le loup reste une espèce protégée ?
Sandrine Andrieux : "Certes, mais le gouvernement propose avec ce nouveau plan loup de le déclasser d'espèce "strictement protégée" à seulement "espèce protégée". Déjà que nous ne respections pas les lois européennes. Nous pouvons craindre le pire à l'avenir."
France 3 Occitanie : en quoi l'Etat Français ne respecte pas les lois européennes ?
Sandrine Andrieux : "Pour être autorisé à tirer sur des loups, il faut respecter deux conditions. La première est de ne pas nuire au bon état de conservation du loup. Comme je vous l'ai expliqué précédemment, la survie de cette espèce est loin d'être gagnée.
La seconde condition est d'avoir déployé tous les moyens possibles avant de procéder à un tir. En France on utilise le tir en première intention. Il faut donner aux éleveurs des moyens de protection plus efficaces. Nous sommes le pays où les éleveurs sont le plus aidés. Et paradoxalement celui où il y a le plus de tirs."
France 3 Occitanie : Quelles mesures proposez-vous ?
Sandrine Andrieux : "Les clôtures installées autour des élevages sont souvent insuffisantes. En France, elles sont hautes de 80 cm. Pour être efficaces, elles doivent mesurer 1,40 mètre.
Les brigades de surveillance ont aussi montré leur efficacité. Dans les alpages, il existe des brigades de bénévoles qui patrouillent et grâce à ce dispositif, les éleveurs déplorent beaucoup moins d'attaques."
France 3 Occitanie : quelles sont les autres propositions et revendications de Ferus?
Sandrine Andrieux : "Je vous l'ai dit, il faut des mesures de protection plus efficaces et surtout vérifier sur le terrain si elles sont bien appliquées.
Nous suggérons également de faire des études d'impact du plan loup précédent. Quelles sont ses réussites, ses échecs ? Quelles sont aussi les incidences des tirs de loup sur les populations ? Cela n'a pas été mesuré ! Toutes ces propositions, ces heures de discussion avec les autres acteurs du débat autour du loup n'ont servi à rien. Nous n'avons pas été écoutés."
De leur côté, les éleveurs estiment que le plan ne répond pas à leurs besoins et perpétue le statu quo pour les cinq prochaines années.