Frère dominicain, musicien, indissociablement lié à l'Abbaye de Sylvanès en Aveyron, le frère André Gouzes s'est éteint à 81 ans. Cet homme d'Eglise, promu au grade de chevalier de la Légion d'honneur en 2006 était aussi visé par une enquête pour agression sexuelle et viol sur mineur de moins de 15 ans.
Son décès a marqué les esprits...Frappé par la maladie d'Alzeimer, le frère André Gouzes est mort dans la nuit du 23 août 2024, à 81 ans. Sur les réseaux sociaux, les hommages se multiplient.
Nous apprenons le décès ce jour du Frère André Gouzes. Qu'il entre dans la joie et la paix de Son Maitre. pic.twitter.com/rCt79lewQv
— Petit Frère Brice-Marie ن (@Brice_en_chemin) August 23, 2024
André Gouzes vient de mourir. Ce dominicain laisse une oeuvre inégalée de musique liturgique. Il était malade depuis longtemps. La liturgie céleste va recevoir un grand serviteur de la beauté. pic.twitter.com/65aH3RqiQk
— Gilles Chevalier (2S) ن 🇪🇺 🇫🇷🇺🇦🇬🇪🇮🇱⚓🎶 (@2SGChevalier) August 23, 2024
Accusé d'agression sur mineur
Très respecté, connu pour ses compositions, André Gouzes a fait l'objet d'une procédure judiciaire en 2021. Le curé est visé par une enquête pour agression sexuelle et viol sur mineur de moins de 15 ans.
🔴 Le frère André Gouzes mis en cause dans une affaire de viol sur mineur
— La Croix (@LaCroix) May 6, 2022
➡️ Les faits remonteraient à la fin des années 2000. La mère de la victime présumée témoigne en exclusivité dans La Croix. https://t.co/yKvaPma7Dx pic.twitter.com/vzDZJoj7fU
Le prêtre est mis en cause par le témoignage de la mère d'une victime. "Les faits se sont déroulés au milieu des années 2000, sur un jeune garçon de moins de 15 ans", expliquait alors Olivier Naboulet, Procureur de la République à Rodez.
À l’époque, l'association Parler et Revivre, qui avait recueilli le témoignage de la famille, avait reçu de nouveaux témoignages concernant un autre prêtre qui était lui aussi passé par l'abbaye de Sylvanes au début des années 2000.
Olivier Savignac est l'un des fondateurs de cette association. Aujourd'hui, il regrette que la procédure ne soit pas allée au bout. "On peut déplorer qu'il n'y ait pas eu de témoignages plus tôt. Comme l'Abbé Pierre. André Gouzes était quelqu'un de très respecté, avec une certaine aura, du charisme, les gens ont eu peur de parler. Vu son état de faiblesse, on savait que de toute façon la procédure judiciaire, et donc un procès, avait peu de chances d'aboutir. Ce qui reste une déception pour nous" explique-t-il.
Fin de l'action publique
Le décès d'André Gouzes, présumé innocent, met fin à l'action publique. À l’époque, un juge d'instruction avait été nommé par le procureur de Montpellier pour mener l'enquête. Enquête toujours en cours au moment de sa mort.
Cette affaire d'agression sexuelle présumée avait créé un malaise dans la communauté des Dominicains, qui ont décidé de prendre leurs distances avec l'œuvre d'André Gouzes. D'autres ont refusé de jouer ses œuvres ou de faire la promotion de ses chants.
TRIBUNE 🗨️ « Tant que la justice n’aura pas tranché, je ne promouvrai pas les chants d’André Gouzes »
— À Vif (@AVif_LaCroix) June 2, 2022
👉 Une tribune proposée par Jean-Pascal Hervy sur @AVif_LaCroixhttps://t.co/hWVm5KKixh pic.twitter.com/5qyXbZ2YZY
Musicien et compositeur de chants religieux
Né le 6 juin 1943, fils de paysan, André Gouzes était une personnalité singulière. Aveyronnais pure souche, il appréciait aussi le silence et d'austérité selon les témoignages recueillis par nos confrères de "La Croix".
Mais cet homme d'Eglise est aussi connu pour ses compositions. Il laisse une œuvre monumentale (1700 chants, 35 albums) derrière lui. Après s'être initié à la musique dès l'enfance sur les bancs de l'église de Brusque (Aveyron), il se lance dans la composition et fait chanter ses frères. Il compose la « Liturgie tolosanne des Frères prêcheurs », recueil de chants pour la semaine pascale, avec notamment le célèbre «Joyeuse Lumière ». La plus connue de ses compositions reste sans doute la « Liturgie chorale du peuple de Dieu », inspirée des liturgies byzantine et grégorienne.
À partir de 1974, André Gouzes contribue à ressusciter l'abbaye cistercienne de Sylvanès (Aveyron) où il a fondé un Festival international de musique sacrée qui attire encore aujourd'hui des milliers de spectateurs. C'est dans ce bel ensemble architectural qu'il crée un Centre de formation à la
Liturgie et au chant sacré. Sessions et stages, ateliers et colloques, classes de patrimoine et visites scolaires s'y enchaînent.
Atteint par la maladie d'Alzheimer, André Gouzes avait intégré en décembre 2018 une institution spécialisée. Une maladie qui a fini par l'emporter à l'âge de 81 ans.