Pédophilie dans l'Église : indemnisations jugées trop lentes, "une fabrique à injustice sur le dos des victimes" pour Olivier Savignac

Un an après la publication du rapport Sauvé sur la pédocriminalité au sein de l'Église catholique, seule une quarantaine de victimes a obtenu réparation. Un milliers de dossiers sont toujours en attente. Colère des associations de victimes.

Un an après la publication du rapport Sauvé sur l'ampleur de la pédocriminalité au sein de l'Église catholique, les indemnisations de victimes trainent. A ce jour, une quarantaine d'entre elles ont effectivement touché une réparation financière selon nos confrères de franceinfo. Mais les autres vont devoir attendre de très longs mois.

Un millier de demandes en attente

Selon les associations de défense des victimes, "1400 demandes sont toujours en attente 10 mois après le dépôt des premiers dossiers". L'INIRR (Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation), qui s'occupe des victimes relevant des diocèses, avait pourtant promis de gérer les dossiers dès le mois de mars 2022.  

À ce jour, seule une quarantaine de victimes ont vu leur dossier accepté et indemnisé. 

"Retard insupportable "

Olivier Savignac, a été l'un des premier à déposer son dossier d'indemnisation en février dernier. Abusé par un prêtre pédophile à l'âge de 13 ans, cet Aveyronnais attend toujours une décision.  Celui qui est devenu président de l'association "parler et revivre" ne décolère pas. 

"Il y a vraiment un fossé entre les annonces publiques et la réalité explique-t-il. Les victimes vont devoir attendre plus d'un an pour certaines pour être indemnisées. Et quand on a vécu l'horreur c'est trop long surtout si on a entre 60 et 90 ans, ce qui est le cas de beaucoup d'entre elles."

Dysfonctionnement évident 

Les associations de victimes dénoncent le dysfonctionnement de l'ANIRR. Seulement sept référents pour traiter les dossiers alors qu'ils devaient être une vingtaine. Seulement 8h par semaine consacrées à l'écoute des victimes. Des victimes qui ont perdu toute illusion de tourner rapidement la page de leur cauchemar. 

"Elles se retournent vers nous, associations, car elles n'ont personne d'autre à qui parler confie Olivier Savignac. Certaines ont même fait des tentatives de suicide. Nous devons les guider, les rassurer. C'est le travail de l'ANIRR, ça. C'est totalement irréel. C'est une fabrique à injustice sur le dos des victimes."

Avec l'autre instance chargée du suivi des victimes au sein des congrégations religieuses, la Commission Reconnaissance et Réparation, 1.500 demandes ont été au total enregistrées. Une centaine ont abouti à une décision de reconnaissance des violences sexuelles subies, selon franceinfo.

D'une seule voix

Le 8 octobre prochain, les 12 associations représentant l'ensemble des victimes d'abus sexuels au sein de l'Église, vont se retrouver pour la première fois à Paris. Une toute première journée de travail, qui devrait aboutir à une série de préconisations. 

L'objectif affiché est aussi de faire pression sur l'INIRR pour accélérer le processus de traitement des demandes et d'indemnisations et obtenir un véritable accompagnement des victimes. 

Dans près des deux tiers des demandes déjà traitées, des réparations financières ont été accordées. Ces réparations vont jusqu'à 60.000 euros. 

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