Le recyclage, qu'on appelle aussi l'upcycling, est à la mode en ce moment. L'idée est de partir de vieux matériaux pour en faire de nouveaux vêtements ou objets. Une pratique vertueuse pour l'environnement, qui a permis à un ancien ouvrier de réussir sa reconversion à Millau. Rencontre.
Rencontre avec un ancien salarié d'une usine de fabrication de voile. En Aveyron, Mickaël Ladet est passé de la haute-mer à la fabrication d'accessoires en voile de bateau. L'art du recyclage connaît un vrai boom aujourd'hui.
De la voile aux accessoires
Son atelier donne sur les eaux du Tarn, prisées des kayakistes. Mais la matière première de Mickaël vient des navires de mer. Ici les voiles des vieux rafiots finissent en maroquinerie. Mickaël est passé à l'art du recyclage.
"C'est une voile qui a à peu près 70 ans, que j'ai récupérée il y a quelque temps dans une voilerie", raconte Mickaël devant un immense amas de toile. "Au bout d'un moment le tissu se déforme et il ne fonctionne plus très bien pour faire avancer le bateau." Alors pourquoi pas lui donner une seconde vie ?
Une matière aux multiples atouts
Si Mickaël a les doigts marins, c’est qu’il a travaillé 10 ans dans la voilerie avant de se reconvertir. D'abord dans la ganterie, spécialité de Millau, et aujourd’hui avec ses propres créations. Vieilles voiles, chutes, tout est bon à être recyclé. Il rachète aussi des rouleaux neufs avec de légers défauts. La matière garde tous ses atouts.
"C’est extrêmement léger, imperméable et c’est très résistant, même avec une voile qui a navigué 10 ou 20 ans", affirme Mickaël. "Moi ça fait 14 ans que je fais ça. Au début, on ne parlait pas de recyclage parce que ça n'avait pas bonne réputation".
Surfer sur la mode du recyclage
À l'image de son ancien métier, les finitions sont soignées : "Là, j'utilise un point zigzag", explique l'artisan en assemblant deux pièces. "C'est justement ce qui est utilisé en voilerie parce que c'est trois fois plus résistant qu'un point droit".
Et cerise sur le gâteau, les bandoulières de ses sacs banane sont réalisées avec des cordes de bateau. Cet accessoire, star des années 80, a de nouveau le vent en poupe : "J'ai vu que c'était bien revenu cette année, on en voit partout", confie Mickaël.
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En 2024, l'upcycling est partout, y compris chez les grands couturiers. C'est même devenu un enjeu de préservation de l'environnement. Mais qui dit recyclage, ne veut pas forcément dire moins cher. L'artisanat de Mickaël se paye entre 100 et 200 euros la pièce. Il en vend un millier par an.
En Occitanie, les sociétés qui surfent sur le recyclage se multiplient. Exemples : Authentic material, à Toulouse, a séduit l'industrie du luxe avec du cuir recyclé. Alénore, elle propose de la maroquinerie en cuir végétal de pomme. Dans le Tarn, des sacs à main en peau de raisin sont fabriqués dans un atelier pour le compte de la marque Lérisa.