Par fortes chaleurs, une vache et son veau peuvent boire facilement 100 litres d'eau par jour. Sur le plateau de l'Aubrac dans l'Aveyron, l'eau se fait rare. Les troupeaux, encore en estive, doivent être ravitaillés chaque jour par les éleveurs. Du temps de travail et un coût supplémentaire.
De mémoire d'éleveurs, on a rarement vu ça. "À la Saint-Géraud", explique Serge Niel, "voir des sources aussi basses, aussi peu d'eau, c'est assez exceptionnel".
Habituellement, les troupeaux montent en estive le 25 mai et en redescendent le 13 octobre.
Cette année, au vu de la sécheresse et de la chaleur tardive, les bêtes sont encore en montagne : "Avant, il n'était pas rare d'avoir de la neige. Les anciens avaient coutume de dire que les 13 premiers jours d'octobre, c'était 13 jours de trop à la montagne".
Mais actuellement, les conditions météo et la rareté de l'eau des sources naturelles contraignent cet éleveur de Saint-Chély d'Aubrac à monter deux fois par jour dans les estives. "Je vais voir mes bêtes. Et surtout mes bassins car quand on monte de l'eau avec la cuve, c'est toujours des problèmes. Rien ne vaut la source naturelle qui coule bien sûr.
Quand on a affaire avec du matériel, de la mécanique, on ne sait jamais si les flotteurs fonctionnent bien, s'il n'y a pas un tuyau débranché et toute l'eau perdue. L'eau, c'est la vie, il n'y a pas de mystère, les bêtes ont besoin de boire".
Valentin Fournial ne dit pas autre chose. Cela fait une dizaine d'années que sur l'exploitation de son père, le manque d'eau les a contraints à descendre dans la vallée pomper l'eau de la rivière pour ensuite la remonter en estive et la distribuer dans des bacs. "L'année dernière, ça s'est carrément asséché. Alors que dans les années 80, cette source alimentait jusqu'à trois exploitations, l'équivalent de 130 ou 140 bêtes. Cette année, il a plu suffisamment pour la végétation mais pas pour réapprovisonner les sources".
Or, il faut savoir qu'en période estivale, une vache et son veau peuvent boire facilement 100 litres d'eau par jour. "Alors quand il y a dix vaches ensemble, il faut descendre remplir la citerne de 3 000 litres tous les trois jours", précise Valentin Fournial.
Cela représente un surcoût de gasoil et une demi-journée de travail. À peine contrebalancé par le fait que le retour tardif d'estives permet d'économiser quelques semaines de foin pour les troupeaux.