En Aveyron, Lactalis, le leader sur le marché sous la marque Société sème la zizanie en commercialisant un Bleu de Brebis. Un fromage dont le logo et l’emballage ressemblent étrangement à celui du roquefort. Les défenseurs du "vrai Roquefort" sont vent debout et parlent de "tromperie".
Sur les étals, le roquefort cohabite depuis peu avec un Bleu de Brebis. Un persillé au lait pasteurisé qui ressemble étrangement à son voisin. Même couleur, même marque au logo ovale et vert. Au premier coup d'oeil on pourrait les confondre, seul le prix les différencie : le Bleu de Brebis est moins cher. Le lancement de ce nouveau fromage par Roquefort société fait réagir les "gardiens" de ce fromage à l'appellation d'origine contrôlée presque centenaire.
Les défenseurs du vrai roquefort hurlent à la contrefaçon
La confédération paysanne et l’association "Fromages de terroirs" parlent de "tromperie" sur l’emballage. Ils décrivent une stratégie marketing qui vise à faire disparaître à terme la plus ancienne appellation d’origine protégée (AOP) créée en 1925. La bataille est donc engagée sur les causses de l’Aveyron.
L’emballage porte-t-il à confusion dans l’esprit du consommateur ? Pour le savoir, la Confédération générale de Roquefort, la CRG, a commandé une étude auprès de l’ifop, l'institut d'études opinion et marketing.
C’est une incitation à acheter le Bleu plutôt que le vrai roquefort, cela démobilisera la filière AOP
Véronique Richez-Lerouge, présidente de l’association "Fromages de terroirs" dénonce la stratégie marketing de "cannibalisation" très subtile mise en place par ce puissant leader, Lactalis.
L’emballage dit-elle est très confondant, les codes couleurs, le logo, tout est fait pour tromper le consommateur. La marque a un siècle, elle est très installée dans l’imaginaire collectif, le consommateur n’hésitera pas à l'acheter surtout si il est moins cher.
La présidente de l'association rajoute que ce fromage persillé au lait de brebis pasteurisé ne suit pas le cahier des charges de l’AOP.
Je ne comprends pas la position de l’INAO, l’Institut national des appellations d’origine, il devrait l'interdire !
L'INAO estime de son côté qu'il y a "un risque de confusion des consommateurs".
José Bové, l’ex-eurodéputé écologiste craint lui aussi que ce fromage pasteurisé fasse chuter les ventes du vrai roquefort.Pour Jean-Michel Roux, secrétaire de la Confédération paysanne de l’Aveyron, "le Bleu de Brebis est un moyen pour les industriels d’avoir une sorte de roquefort plus facile à exporter".
Le Roquefort AOP déjà fragilisé
Selon les chiffres du ministère de l’agriculture, la production de fromage au lait cru est en baisse depuis 1997, contre une production globale en hausse : le lait pasteurisé creuse l’écart.Le bras de fer est donc bien engagé mais selon la CGR, les producteurs ne sont pas majoritairement opposés au nouveau fromage qui pourrait permettre de vendre plus de lait. Des producteurs qui n’ont pas souvent le choix face à la puissance de la filiale de Lactalis, 90% de la fabrication du roquefort est entre les mains des industriels.
Pour Lactalis, la création du Bleu de Brebis a pour objectif de convaincre de nouveaux consommateurs qui jugent le roquefort trop fort et trop salé.
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