Ce vendredi matin, l'avocat de Joachim Toro, 85 ans, a demandé le renvoi du procès. Il estimait que la surdité de son client ne lui permettait pas de participer aux débats. Les juges et jurés de la cour d'assises de l'Aude en ont décidé autrement. Le procès se tient à Carcassonne toute la semaine.
Le 3 mars 2011, Joachim Toro, un plombier à la retraite, blesse d'abord deux jeunes femmes de sa connaissance dans un champ, avant d'abattre trois hommes au hasard en pleine rue, avec un fusil de chasse, à Rivesaltes, dans les Pyrénées-Orientales : un voisin septuagénaire et deux employés municipaux âgés de 36 et 42 ans.
L'octogénaire a ensuite tenté de se suicider avec son fusil, le coup de feu lui a emporté le menton. C'est cette blessure qui lui causerait des difficultés pour entendre et gênerait la bonne tenue des débats, selon son avocat, Me Bérenger Tourné.
Des arguments que n'ont pas retenus les magistrats et les juges de la cour d'assises de Carcassonne et le procès en appel a pu s'ouvrir, après 45 minutes de discussions.
Joachim Toro est poursuivi pour trois meurtres et deux tentatives de meurtre. Il encourt la réclusion à perpétuité .
Il y a deux ans à Perpignan, le 1er février 2016, Joachim Toro a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle pour un triple meurtre.
Ce premier procès n'a pas permis aux familles des victimes de comprendre les raisons d'un tel massacre, l'octogénaire ayant plaidé l'amnésie et le coup de folie.
Selon son avocat, le plombier retraité aurait été harcelé par les deux jeunes femmes sur qui il avait d'abord tiré le 3 mars 2011. L'une d'elle, âgée de 29 ans, aurait eu des rapports sexuels tarifés avec l'accusé pendant des années.
Les deux jeunes femmes lui auraient également extorqué de grosses sommes d'argent (400 000 euros selon l'accusé). Ce sont ces relations troubles qui seraient à l'origine de toute cette affaire selon Me Bérenger Tourné.
L'une des jeunes femmes a, de son côté, accusé Joachim Toro d'avoir abusé d'elle quand elle était mineure, avant d'évoquer des relations sexuelles plus tardives avec lui en échange d'importantes sommes d'argent, parlant de 50 à 60.000 euros.
Dans ce volet de l'affaire, une information judiciaire pour "viol" et "tentative de viol" s'est soldée par un non-lieu.
L'accusé a déposé plainte pour "chantage" et "escroquerie"contre les deux jeunes femmes parties civiles. L'enquête est toujours en cours.
C'est Joachim Toro, 85 ans aujourd'hui, qui a fait appel du jugement de la cour d'assises des Pyrénées-Orientales.
Au grand dam des familles des victimes, qui vont devoir revivre à nouveau l'épreuve d'un procès et l'évocation des faits de ce tragique jour de mars 2011.
Le réquisitoire est attendu jeudi, le verdict vendredi prochain.