En Catalogne, trois mois après les élections, le parlement a investit aujourd'hui le nouveau président. Élu par les députés catalans, Pere Aragonés pourra former son gouvernement dès la semaine prochaine. La Catalogne aura donc, à nouveau, un président indépendantiste.
L'indépendantiste modéré Pere Aragonés a été élu vendredi président régional de la Catalogne par le parlement de cette région du nord-est de l'Espagne, qui a été le théâtre d'une tentative de sécession en 2017.
Il a été investi cet après-midi grâce aux voix des députés des trois partis indépendantistes : son parti, la gauche républicaine, Junts per Catalunya, le parti de Carles Puigdemont et Quim Torra, ses prédécesseurs, et le petit parti anti-capitaliste de la CUP.
Un homme rassembleur
Aragonès présente un profil modéré, pragmatique, rassembleur. Il a d'ailleurs indiqué hier dans son discours d'investiture qu'il faudrait dialoguer notamment entre indépendantistes puisque les différences de points de vue, stratégies et les tensions restent importantes.
Il a assuré qu'il était là pour mener à terme le processus d'indépendance, qu'il négocierait avec Madrid un référendum d'auto-determination qui serait cette fois-ci reconnu par Madrid, et qu'il ferait tout pour obtenir l'amnistie pour les leaders indépendantistes incarcérés depuis 2017 et la déclaration d'indépendance.
Pere Aragonès, de profil plutôt négociateur, devra toutefois composer avec la droite de Carles Puigdemont, plus favorable à la confrontation avec Madrid puisque le prochain gouvernement catalan sera un gouvernement de coalition entre la gauche républicaine et Junts per Catalunya.
Pour l'indépendance de la Catalogne
Le "gouvernement (régional qu'il va présider) a pour objectif de faire en sorte que l'indépendance de la Catalogne soit possible", a-t-il déclaré vendredi, avant d'être élu par le parlement régional, où les indépendantistes ont renforcé leur majorité absolue lors des élections de la mi-février.
"A présent, il nous faut résoudre ce conflit politique par le dialogue, la négociation (...), nous persévèrerons dans une négociation qui ne sera pas facile", a ajouté ce juriste de 38 ans, en se fixant pour objectifs d'obtenir de Madrid l'organisation d'un référendum d'autodétermination ainsi que l'amnistie des indépendantistes condamnés à la prison ou ayant fui à l'étranger à la suite de la tentative de sécession de 2017.
Je présente ma candidature à la présidence de la Catalogne pour faire en sorte qu'intervienne l'indépendance et pour que soit inévitable l'exercice du droit à l'autodétermination des Catalans.
Indépendantiste modéré du parti Gauche Républicaine de Catalogne
Pere Aragonés est parvenu à se faire investir président régional grâce à un accord entre sa formation Gauche Républicaine de Catalogne (ERC) et Ensemble pour la Catalogne (JxC), parti de l'ex-président catalan Carles Puigdemont. Mettant leurs divergences de côté après des semaines de négociations tendues, ces deux formations ont décidé de reconduire leur coalition en vigueur depuis 2015, avec cette fois ERC à sa tête.
La principale divergence entre ces deux partis porte sur la stratégie du mouvement séparatiste catalan. ERC est en faveur d'un dialogue avec le gouvernement central qu'il soutient au Parlement de Madrid alors que JxC prône toujours l'indépendance unilatérale. Pour s'assurer du soutien de JXC et des indépendantistes radicaux de la CUP, Pere Aragonés s'est engagé à revoir son approche si la négociation avec Madrid n'aboutissait pas.
Le dialogue ne consiste pas à dire "où il se passe ce que je veux ou je me lève et je m'en vais." Ca, ça ressemble davantage à du chantage"
"Le dialogue ne consiste pas à dire "où il se passe ce que je veux ou je me lève et je m'en vais." Ca, ça ressemble davantage à du chantage", a lancé le dirigeant des socialistes en Catalogne, l'ex-ministre de la Santé Salvador Illa.
Avec 7,8 millions d'habitants, la Catalogne est l'une des régions les plus riches et les plus peuplées d'Espagne. Les idées indépendantistes ont gagné du terrain au cours des dix dernières années, conduisant en 2017 à une proclamation d'indépendance unilatérale dont les principaux leaders sont en prison ou ont fui à l'étranger, et à une grave crise politique. Mais la population reste divisée à ce sujet.