Dans un communiqué de presse du jeudi 19 novembre, les acteurs de la montagne interpellent le gouvernement pour demander une modification des règles du confinement, dont l'assouplissement de celle du kilomètre dans les Pyrénées. Et assurer la sécurité des vacanciers lors de la saison hivernale.
"Nous, acteurs du monde de la montagne, interpellons notre gouvernement pour demander une modification des règles du confinement actuel", les mots ne pouvaient être plus clairs. Dans leur viseur, la règle des 1h/1km, jugée vide de sens : "C’est une situation inquiétante car sortir une heure et seulement sur un kilomètre, c’est punitif et non sanitaire, développe Julien Rebuffet, directeur du syndicat national des Moniteurs Cyclistes Français. Il est nécessaire de pouvoir accéder aux espaces naturels, et si tout le monde est prêt à faire des efforts, cette mesure est vide de sens".Une pratique individuelle et non collective serait inoffensive pour les professionnels du secteur. Conscients de leur rôle, ils veulent sensibiliser sur une thématique délaissée par l’Etat.
Nous avons toute légitimité pour souligner l’importance, tant sur le plan physique que psychique, des sorties en pleine nature. Les gens ont besoin de cette nature qu’ils n’ont pas chez eux et avec cette règle, certaines personnes en sont privées.
Singularité française
Un tribune pour un secteur qui se veut "conscient de la situation sanitaire actuelle très préoccupante" mais qui pointe du doigt des règles qui "restreignent de manière beaucoup forte l’accès à la nature et à la pratique sportive." Un choix du gouvernement français, rare en Europe, qui passe mal auprès des professionnels.Tous les acteurs qui ont signé cette tribune avaient alerté les autorités après le premier confinement. En leur disant, si c’est à refaire, laissez de côté cette règle, c’est une exclusivité française. Chez nos voisins, il est même conseillé d’aller se balader à pied ou à vélo.
Un avis partagé par Christian Biard, vice-président du comité régional d’Occitanie de la Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne : "En Occitanie, on est en pleine nature, donc c’est bête d’imposer, un périmètre d'un kilomètre pour marcher sur la route, alors qu’à trois kilomètres de chez vous, il y a une forêt. D’autant plus qu’on croise plus de monde sur les routes qu’en pleine forêt."
Une question de santé
Pour eux, le lien à la nature est "bien plus qu’un simple loisir", c’est un "élément essentiel de l’équilibre de l’être humain". Parlant, quand on sait que pas plus tard qu’hier, le ministre de la santé Olivier Véran s’est dit "inquiet pour la santé mentale des Français". Cette épidémie a une "face cachée, le mal-être", a-t-il déclaré. "Ras-le-bol, stress, anxiété, déprime, l'impact psychologique est réel. Tout le monde n'en souffre pas, mais chacun peut être concerné", a-t-il insisté, en annonçant un renforcement des cellules d'écoute et des recrutements de psychologues.#COVID19 | L'impact psychologique de l'épidémie, et plus encore du confinement, est réel. Tout le monde n'en souffre pas, mais chacun peut être concerné. pic.twitter.com/hyVZcEwC3W
— Olivier Véran (@olivierveran) November 19, 2020
"Ce communiqué est détaché de notre situation personnelle. Il s’agit d’essayer de réfléchir et de parler de l’accès à la montagne et à la nature qui est primordial pour la population", confirme Patrick Lagleize. Pour Christian Biard, il s’agit aussi de remettre les jeunes au sport : "On a 40 écoles d’escalade fermées depuis 1 mois. Ça serait bien pour eux de se remettre à la pratique sportive au moins sur les sites d’escalade en pleine nature."
Anticiper la saison hivernale
Enfin l’inquiétude demeure quant à la saison hivernale à venir. "J’ai demandé une dérogation pour enlever les arbre des sentiers, mais cela a été refusé par la préfecture, confie Patrick Lagleize, vice-président du syndicat national des guides et président de la compagnie des guides des Pyrénnées. C’est complètement impraticable, il faut absolument remettre les sentiers en état, avant un possible déconfinement sinon il y aura des accidents."Des sentiers plus entretenus et une perte de motivation visible chez les encadrants après ce deuxième confinement, qui pourraient se révéler meurtriers lors d’un possible déconfinement. "Après le premier confinement, les gens se sont rués en montagne. Si le phénomène se reproduit et que les encadrants n’ont pas repris avant ce déconfinement ou que certains ne veulent plus le faire, faute de garanties pour l’avenir, on peut avoir un nombre incalculable d’accidents, révèle Christian Biard. On ne se promène pas comme ça en montagne, les encadrants doivent pouvoir retourner sur le terrain avant les vacances."