Magda Marquez est âgée de 71 ans, elle vit à Granollers, une commune située à 25 km de Barcelone. Les nouvelles mesures annoncées par le gouvernement pour freiner la propagation du coronavirus ne la surprennent pas. Le déconfinement a été déclenché trop tôt selon elle.
Magda Marquez est inquiète. Elle n’avait jamais vécu une telle pandémie. En avril dernier le coronavirus a emporté sa mère qui résidait en maison de retraite. Aujourd’hui ces nouvelles recommandations annoncées par le gouvernement régional catalan pour lutter contre la propagation du virus, Magda va les appliquer sans réticence. Une situation qui crée de l'angoisse et qui ajoute de l'incertitude. La septuagénaire ne n'est en revanche et malheureusement pas étonnée de ces préconisations qui selon elle étaient inévitables :
La mère de Magda Marquez est décédée du coronavirus à l’âge de 91 ans en maison de retraite. Un épisode douloureux pour Magda Marquez, elle n’a pas pu dire au revoir à sa mère et ne souhaite à personne de revivre cette épreuve :On s’y attendait, je pense que la mise en place du déconfinement est arrivée trop tôt, il y a eu pas mal de négligences de la population dans certains cas. On ne doit pas accuser forcément les jeunes, je pense que l’on est tous responsables, la population n'a pas pris conscience de la gravité de cette pandémie, les gens sont persuadés que le virus ne passera pas par eux, le sentiment que cela n'arrive qu'aux autres, on a tous du mal à l'accepter.
Pour les personnes âgées, ça été très difficile, la crise a été gérée d'une manière lamentable, je n’ai vraiment pas envie de finir mes jours dans ces établissements. En Espagne les maisons de retraites sont très chères il n’y a pas de médecine et pendant l’épidémie de coronavirus 30% des résidents sont morts, ça été très dur pour tout le monde, inhumain.
Nouvelles mesures de confinement: "il fallait s'y attendre"
Depuis le déconfinement les terrasses sont pleines à craquer, très peu de gens portent le masque dans les rues.Une fois j’étais dans un magasin et une vendeuse a été obligée de faire sortir un client qui refusait de porter le masque.
Magda explique que les autorités catalanes conseillent aux habitants de limiter leurs déplacements et de prendre les précautions d’usage, lavage des mains, port du masque respect des distanciations sociales, éviter les regroupements de plus de 10 personnes même en famille.
Moi je vais respecter ces recommandations. Je peux compter sur mes enfants qui sont proches de moi, il faut jouer le jeu c'est important pour soi et les autres.
Autour de Barcelone il y a 12 communes dans les terres et en bord de mer qui sont à priori concernées. Les habitants de l'agglomération de Barcelone ont en effet été appelés à "rester chez eux", sauf en cas de première nécessité. Les autorités catalanes ont également décidé la fermeture des cinémas, des théâtres et des discothèques, les visites dans les maisons de retraites sont elles aussi interdites ainsi que la limitation de la capacité d'accueil à 50% dans les bars et restaurants.
Inquiétudes
Les Espagnols sont habitués "à vivre dans la rue", c'est dans leur ADN, c'est culturel et ces nouvelles mesures plombent le moral de nombreux habitants.On sort beaucoup, on va beaucoup au restaurant, on se donne toujours rendez-vous dans un café. C’est difficile de digérer tout cela, les gens sortent à midi pour aller prendre l’apéro à l’extérieur avant le déjeuner et évidemment on se retrouve en groupe, ça va être difficile pour nous.
Les autorités espagnoles surveillent depuis plusieurs jours plus de 120 foyers actifs, en particulier en Catalogne et en Aragon. Le Premier ministre Jean Castex a déclaré suivre avec attention la recrudescence du coronavirus en Catalogne. Il n'exclut pas la fermeture de la frontière entre la France et l'Espagne, où des villes sont reconfinées.
Magda Marquez est très inquiète :
Avec le déconfinement on avait l’impréssion de respirer un peu même si la menace pèse toujours, les autorités nous ont averti qu’après l’été il y aurait des risques de reprise de l’épidémie. On ne sait toujours pas si il y aura une rentrée des classes ou du moins quand les enfants vont retourner à l’école. C’est dramatique pour les parents mais aussi pour l'économie qui souffre terriblement.
Inquiète mais pas abattue. Magda Marquez veut garder l'espoir :
Je me refuse de plonger dans le pessimisme et je garde espoir même si jamais je n’aurais imaginé vivre une telle situation. J’ai l’espoir que tout cela va se résoudre mais ce sera long, il faut s’armer de patience.