Coronavirus : la crise sanitaire a coupé les ailes de l'économie en Occitanie

L’INSEE vient de publier une étude sur l’impact de la crise sanitaire sur l’économie en Occitanie. En 3 mois, la dynamique qui s’était mise en place en 2019 a été renversée. Avec des conséquences sur l’emploi notamment, aucun secteur d'activité n'a été épargné.
 

L’année 2019 a été marquée par une croissance économique importante dans notre région. Tous les indicateurs, ou presque, étaient au vert. Une année particulièrement positive pour l’emploi salarié en hausse, alors que le chômage est en baisse pour la première fois depuis 10 ans. Les créations d’entreprises se sont  multipliées : +20% avant la crise sanitaire.  Le tourisme qui avait connu un léger repli en 2018 repartait, le trafic aérien était à son plus haut niveau, et la filière aéronautique continuait son développement.  

La crise sanitaire : Un arrêt soudain et inédit

2020 s'annonçait donc sous les meilleurs auspices pour l'économie en Occitanie. Le confinement a bouleversé tous les secteurs. "Les mesures de confinement mises en place entre le 17 mars et le 11 mai en France et dans les pays partenaires ont entraîné une baisse de la consommation, de la production et des échanges internationaux. En Occitanie comme au niveau national, du fait de la crise sanitaire, la baisse de l’activité économique au 7 mai 2020 est estimée à 33 % par rapport à une situation normale" révèle l’étude de l’INSEE.

Un impact inédit sur l’emploi 

En 2019 en Occitanie l’emploi s’était amélioré avec une hausse de 1,8% (contre 1,1 % au niveau national) et une baisse du taux de chômage de 0,7 point (comme au niveau national). Le taux de chômage régional à 9,6% avait atteint en fin d’année son meilleur taux depuis 10 ans. Il progressait depuis 2008 !

La destruction massive d’emplois salariés a pu être évitée dans les entreprises privés avec les mesures de chômage partiel et la région en a profité. Au 11 mai 2020, selon la Dares, en Occitanie, elles ont déposé 115 000 demandes d’autorisation de mise en activité partielle, portant sur 927 900 salariés - soit six salariés du privé sur dix - et 437 millions d’heures chômées demandées.

Mais ces mesures ont laissé de côté les plus précaires, les salariés titulaires d’un contrat de très courte durée. Elles n’ont eu aucun impact également sur les recrutements qui ont été annulés à cause du confinement et sur les emplois saisonniers qui sont en baisse.

Dès le mois de mars, la crise sanitaire a ainsi un fort impact sur le marché du travail avec une baisse de 43 % des offres d’emploi collectées par Pôle emploi en Occitanie, par rapport à février 2020. En avril, elles diminuent encore de 55 % sur un mois. Par rapport à avril 2019, la baisse atteint 75 %, contre - 73 % en France métropolitaine.

"Ces évolutions se traduisent par une hausse considérable, à la fin avril, du nombre de demandeurs d’emploi n’exerçant aucune activité. 21,7 % sur le mois d’avril après + 6,6 % en mars. En Occitanie, Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité s’élève à 444 800 personnes fin avril. Le précédent niveau le plus élevé remonte à novembre 2015 avec 372 700 demandeurs d’emploi sans activité" peut-on lire dans l'étude

Sur un an, la hausse atteint 23,9 % dans la région. Elle est particulièrement sensible dans les Hautes-Pyrénées avec +32,5% de demandeurs d’emploi. Les hommes sont plus touchés que les femmes, mais aucune tranche d’âge n’est épargnée.

La filière aéronautique bouleversée

Pour l’aérien et la filière aéronautique, la crise est historique : les conséquences de la pandémie du Covid-19 "entraînent une rupture dans la croissance quasi continue du trafic aérien depuis trente ans"  précise l’INSEE. Alors qu’en 2019 le trafic aérien mondial enregistre un record, avec 4,7 milliards de passagers, la demande baisse de 53 % en mars 2020, comparée à mars 2019.
La précédente plus forte baisse était de 19 % en octobre 2001 suite aux attentats du 11 septembre. 

L’impact pourrait être durable pour le transport aérien, et par contrecoup pour les constructeurs.
Airbus annonce pour les prochains mois une baisse globale de cadence de sa production d'1/3. L’avionneur européen et les autres grands donneurs d'ordres comme Safran ou Thales, réduisent leurs dépenses de R&D et d'ingénierie, ce qui fragilise les secteurs de l'ingénierie et de l'informatique, qui emploient un tiers des salariés de la filière aéronautique et spatiale en Occitanie.

La baisse des cadences chez Airbus fait revenir la filière au niveau de production de 2015, estime pour sa part le Pôle Aerospace Valley.

« L’avenir de la filière est devenu brutalement incertain, dépendant d’une part de la durée de la pandémie et de la reprise du trafic aérien, et d’autre part des aides financières et plans d’aides étatiques visant à atténuer les effets de la crise sur l’ensemble des acteurs économiques au niveau régional, national et international » concluent les économistes de l’INSEE.

Le tourisme tente de retrouver le sourire

Le secteur touristique a subi la crise au début du printemps, au  moment où se prépare la saison d’été.
Plus de 80% des professionnels du secteur ont dû fermer, soit en Occitanie, 9 restaurants sur 10 et plus de 7 hôtels sur 10. Pour ces artisans, comme pour les campings, chambres d’hôtes, installations touristiques, les pertes sont considérables. Selon une enquête du CRT (Comité Régional du Tourisme)"Pour ceux dont le chiffre d’affaires diminue, après une baisse de 33 % en février, la chute est de 60 % lors de la première quinzaine de mars, jusqu’à atteindre - 90 % pendant la deuxième quinzaine de mars."

Le BTP : un avenir à reconstruire

En 2019, avec 44 100 logements commencés, le recul de la construction déjà constaté l’année précédente en Occitanie se confirme. La baisse des mises en chantier concerne notamment les logements collectifs. Mais la demande de logements forte et des taux d'intérêt toujours bas ne préjugent d'aucune difficulté particulière. 

Mais au printemps 2020, l’activité du secteur de la construction va être fortement perturbée par la pandémie de Covid-19 et les mesures de confinement qu’elle entraîne. Au 7 mai, précise l'INSEE "la perte d’activité du secteur en France est estimée à 75 % après - 89 % fin mars".

En France et dans la région, la reprise de l’activité de la filière de la construction se fait encore en mode dégradé en raison de nombreuses difficultés. Le déficit de commandes privées et publiques préoccupe les professionnels.

Vers une reprise progressive de l’activité

L’industrie, le tourisme, la construction, mais aussi l’agriculture, le monde des arts et du spectacle ont subi les conséquences de la crise sanitaire, sur leur activité et sur l’emploi.

Les mois de mars et avril ont marqué un recul net de l’activité économique et l’étude souligne la reprise très progressive de l’activité en Occitanie. Mais selon François Hild chef de projet de l’action régionale à l’INSEE : "tant qu’il y aura des incertitudes sur la fin de l’épidémie, il est impossible de se prononcer sur une reprise d’activité de l’économie en Occitanie à son niveau d’avant la crise".

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